Le chef d’état-major de l’armée américaine hausse le ton à l’égard des services secrets pakistanais

Les relations entre le Pakistan et les Etats-Unis sont tendues depuis quelques mois. Malgré l’importante aide financière octroyée par Washington à Islamabad, les autorités pakistanaises sont régulièrement pointées du doigt pour ne pas en faire assez dans la lutte contre le terrorisme.

Certes, l’armée pakistanaise a mené plusieurs offensives contre le mouvement taleb local, lequel commet régulièrement des attaques suicides dans le nord ouest du pays, voire, dans certains cas, dans la région proche d’Islamabad. Mais, d’un autre côté, le Pakistan se garde bien d’intervenir contre les taliban afghans, qu’il a toujours soutenu, et le réseau Haqqani, très actif dans l’est de l’Afghanistan. Et il est aussi fort probable que le Hezb-e-Islami du seigneur de guerre Gubbuldin Hekmatyar bénéficie lui aussi de ces largesses.

Bien évidemment, des liens existent entre ces différentes formations. Ou du moins, elles partagent une idéologie identique. D’où le subtil jeu pakistanais, qui attaque les uns en ménageant les autres, afin de se concilier leurs bonnes grâces si d’aventure ils venaient à reprendre le pouvoir en Afghanistan ou encore d’avoir un oeil sur les négociations qu’ils ne manqueront pas de mener un jour avec le président afghan Hamid Karzaï.

Pour Islamabad, l’Inde reste le principal ennemi et il est important de disposer d’une « profondeur stratégique » dans l’éventualité d’un conflit ouvert avec ce rival. D’où son intérêt pour l’Afghanistan.

Tout cela relève du secret de Polichinelle. Cela fait des années que l’on sait, malgré les démentis officiels, que cette collusion entre les services pakistanais et les mouvements insurgés afghans existent. Mais les officiels occidentaux évitent de le dire à haute voix.

En tout cas, l’amiral Mike Mullen, le chef d’état-major interarmées américain, a mis les pieds dans le plat, à l’occasion du visite officielle au Pakistan. Ainsi, il a clairement accusé l’ISI d’entretenir des liens avec des groupes insurgés afghans.

« L’ISI a des relations de longue haleine avec le réseau Haqqani. Cela ne veut pas dire tout le monde au sein de l’ISI, mais cela existe » a-t-il en effet déclaré à l’antenne de la chaîne Geo TV. « Je pense que cela doit changer avec le temps et c’est le genre de sujet que je veux aborder dans mes discussions avec le général Kayani et d’autres responsables » a-t-il ajouté.

La veille, alors qu’il était de passage sur une base américaine en Afghanistan, l’amiral Mullen, avait tenu à saluer le « soutien » apporté par l’armée pakistanaise aux Etats-Unis contre le réseau Haqqani tout en admettant des tensions avec l’ISI. Au passage, le chef d’état-major interarmées américain avait aussi estimé que les forces de l’Otan allait connaître « une année très difficile », avec de probables pertes « conséquentes ».

Cela étant, dans ce Pakistan compliqué, il apparaît ainsi que les Etats-Unis cherchent à ménager l’armée pakistanaise, qui a tout de même perdu 3.000 hommes au cours de combats contre les militants islamistes au cours de ces dernières années, tout en mettant la pression sur le gouvernement et les services secrets pakistanais. Le dernier rapport semestriel concernant la région Af/Pak remis au Congrès américain montrait clairement cette tendance.

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