Pessimisme américain au sujet de la région Af/Pak

Le rapport semestriel rédigé à l’intention du Congrès américain et portant sur la région Afghanistan/Pakistan (Af/Pak) n’incite pas à l’optimisme.

En effet, le document met en avant une détérioration, entre janvier et mars, de la situation dans les zones tribales situées dans le nord-ouest du Pakistan, notamment dans les districts de Mohmand et Bajaur, où les troupes pakistanaises ont été récemment engagées. L’action de ces dernières est entravée non seulement par la résistance des insurgés mais aussi par des conditions météorologiques défavorables et la nécessité de prendre en charge les populations déplacées par les combats.

Mais au-delà de ces aspects, le rapport note surtout l’absence de stratégie claire d’Islamabad pour réduire la rébellion islamiste. « A l’heure actuelle, il ne semble pas y avoir de cheminement clairement établi pour vaincre l’insurrection au Pakistan, malgré le déploiement sans précédent de plus de 147.000 soldats », souligne le document.

Preuve de l’inefficacité pakistanaise : un double attentat a fait 41 tués, le 3 avril, dans un sanctuaire souffi, dans l’est du pays. Et ce 6 avril, 14 membres des forces de sécurité ont perdu la vie lors d’une embuscade tendue dans la région tribale de Khyber, située sur un axe stratégique pour l’Otan étant donné que transite dans ce secteur une partie du ravitaillement destiné aux troupes de la coalition.

Bien que Washington reproche à Islamabad de ne pas agir dans les zones tribales où sont réfugiés les insurgés afghans, le rapport souligne néanmoins la bonne coopération entre les armées pakistanaises et américaines. Sans doute est-ce pour ne pas froisser « l’allié » pakistanais…

Quoi qu’il en soit, la mansuétude des autorités pakistanaises à l’égard des insurgés afghans et leur refus de lancer une offensive contre les positions qu’ils tiennent dans le Nord-Waziristan, n’est pas sans conséquence sur la situation afghane.

Le même document a ainsi noté une hausse récente du nombre d’attentats en Afghanistan. Particularité de ces attaques : elles semblent viser en particulier les civils, et non plus seulement les troupes de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF). Cela étant, ce 7 avril, c’est un centre de formation de la police afghane qui a été attaqué à Kandahar. L’attentat a été commis avec une ambulance piégée, ce qu’a condamné avec vigueur le Comité international de la Croix Rouge (CICR).

« Le recours plus fréquent des taliban à des meurtres et des tactiques d’intimidation reflète une insurrection qui subit la pression d’une campagne militaire plus soutenue de la part de la coalition » explique le rapport. Toutefois, ses auteurs préviennent : « il existe aussi des indices de la confiance que les taliban éprouvent toujours quant à leur stratégie et leurs ressources. Et de violents combats devraient recommencer ce printemps ».

Par ailleurs, selon le Wall Street Journal, les combattants d’al-Qaïda reviendraient en force dans l’est de l’Afghanistan, alors que leur nombre était estimé, jusqu’à présent, à une grosse vingtaine dans le pays.

Le quotidien explique que ce retour est dû au retrait des forces de la coalition, précisément américaines, des zones difficiles d’accès pour renforcer celles plus peuplées. Et comme la nature a horreur du vide, les combattants d’al-Qaïda en ont profité pour revenir, notamment dans les provinces de Kunar et du Nuristan, ainsi que dans certains secteurs du Nangarhar (Jalalabad).

Pour rappel, l’Otan doit transférer la responsabilité de la sécurité de l’ensemble du pays aux forces de sécurité afghanes en 2014.

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