Libye : « Le risque d’enlisement existe », selon Alain Juppé

Cela fera bientôt 3 semaines que les opérations visant à instaurer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye et à protéger les populations civiles des zones tenues par l’insurrection libyenne de possibles exactions des forces loyales aux colonel Kadhafi ont commencé.

La résolution 1973 du Conseil des sécurité des Nations unies, qui encadre ces opérations militaires, ne donne pas le mandat de renverser le régime du colonel Kadhafi. C’est donc aux insurgés libyens eux-mêmes de le faire.

Seulement, et malgré la présence dans leurs rangs d’anciens militaires des forces armées libyennes, ces rebelles tiennent plus du manifestant en arme que du combattant.

Sans formation et sans cadres, la rébellion est mise en échec par les troupes du colonel Kadhafi, qui, malgré la présence de chasseurs-bombardiers de l’Otan, ont repris le dessus dans les environs de Syrte, continuent de piloner Misrata et livrent de violents combats à Brega, sur la route menant à Ajdabiah et Benghazi, le bastion de l’insurrection.

Les forces loyalistes se sont adaptées à la nouvelle donne. N’ayant plus de moyens aériens et ayant perdu un certain nombre de chars, elles utilisent désormais des 4×4 armés de lance-roquettes et de canons sans recul. Ces véhicules ont l’avantage de leur donner plus de mobilité, tout en compliquant, compte tenu qu’ils peuvent être confondus avec ceux des rebelles, la tâche des avions de la coalition, dont les règles d’engagement visent à éviter à tout prix les dommages collatéraux.

Par ailleurs, l’Otan a de nouveau insisté, ce 6 avril, sur le recours des troupes loyalistes aux boucliers humains. « Les forces gouvernementales libyennes ont évolué ces derniers jours vers des tactiques non conventionnelles, se mélangeant au trafic routier et utilisant des civils comme boucliers dans leur avance » vers les positions rebelles, a ainsi indiqué le contre-amiral britannique Russ Harding, le commandant adjoint de l’opération Unified Protector.

« Les forces de l’Otan ont été particulièrement attentives à éviter des victimes civiles qui se trouvent à proximité des zones de combat, souvent justement en raison de la tactique des forces gouvernementales » a encore expliqué l’officier. « Comme nous ne sommes pas autorisés à utiliser des forces terrestres, il y a une limite physique à ce que nous pouvons faire » a-t-il affirmé, en précisant que « cela ne veut pas dire que nous n’avons pas la volonté, l’intention et la puissance de feu pour intervenir ».

Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a admis, à l’antenne de France Infios, que « sur le terrain, la situation militaire est confuse et indécise et que le risque d’enlisement existe ». Le 4 avril, le chef d’état-major de la Royal Air Force, l’Air Marshall Stephen Dalton, a déclaré que les appareils britanniques participeraient aux opérations en Libye « pendant au moins six mois ». Reste à voir si la guerre civile libyenne durera autant de temps.

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