L’assaut final contre la résidence de Laurent Gbagbo est lancé

« On va sortir Laurent Gbagbo de son trou et le remettre à la disposition du président de la République ». Tel est l’objectif, selon son porte-parole, de Guillaume Soro, le Premier ministre d’Alassane Ouattara, vainqueur de l’élection présidentielle ivoirienne de novembre dernier.

Alors que des rumeurs faisaient état, la veille, de sa réddition, Laurent Gbagbo refuse toujours de céder le pouvoir. D’où l’assaut qui a été donné par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), pro-Ouattara, ce matin du 6 avril, contre la sa résidence, dans le quartier de Cocody, à Abidjan.

Le porte-parole de Laurent Gbagbo, Alain Toussaint, a accusé les forces françaises de la Force Licorne de combattre aux côtés des FRCI. « La France sera tenue responsable de la mort du président Gbagbo, de sa femme et des membres de sa famille qui se trouveraient à l’intérieur de la résidence » a-t-il affirmé. Seulement, ces propos ont été démentis par l’Etat-major des armées à Paris.

Par ailleurs, la participation des militaires français aux opérations de la Mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) contre les forces restées fidèles à Laurent Gbagbo, conformément à la résolution 1975 du Conseil de sécurité votée le 30 mars dernier, a suscité des « réserves » dans les rangs de l’opposition gouvernementale en France.

Ainsi, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, s’est demandé s’il « fallait intervenir comme la France l’a fait ». « Nous nous interrogeons, nous sommes réservés » a-t-il dit, après avoir admis que la « situation est grave » en Côte d’Ivoire.

Avec moins de précautions oratoires, le député socialiste Jean-Marie Le Guen a estimé que le président Sarkozy avait « tendance à utiliser la force avant la politique, sans véritablement prendre en considération les données politiques d’aujourd’hui et de demain ». Selon lui, la décision d’engager la Force Licorne en appui à l’ONUCI est « une volonté guerrière » du chef de l’Etat, lequel serait tenté de « se servir de cette utilisation de la force en terme de posture interne à son pays ». Et d’ajouter : « ce sont des attitudes extrêmement dangereuses qui ont été très dommageables pour les Etats-Unis et je ne voudrais pas que demain la France devienne le petit satan comme l’ont été pendant longtemps les Etats-Unis ».

Un peu plus tôt, hier, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a affirmé lors d’une audition à l’Assemblée nationale qu’il « n’est pas question » pour la France de « s’incruster en Côte d’Ivoire ». « Le plus tôt notre intervention en soutien de l’ONUCI pourra se finir et le mieux ce sera » a-t-il ajouté.

« Le plus difficile, c’est de réussir la paix » a encore poursuivi Alain Juppé. « La France ne doit pas pérenniser son dispositif militaire » a-t-il insisté mais elle « doit en revancge rester présente par un plan d’accompagnement économique ambitieux qui permette à la Côte d’Ivoire de retrouver le développement qui a été le sien ».

Cela étant, il est urgent que la situation se normalise en Côte d’Ivoire afin d’éviter un drame humanitaire. Certains quartiers d’Abidjan n’ont plus d’électricité et d’eau et la nourriture commence à se faire rare.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]