Le Rafale aura-t-il une chance au Canada?

En juillet 2010, le gouvernement conservateur canadien a pris la décision d’acquérir 65 avions de combat américains F-35, en cours de développement chez Lockheed-Martin, afin de remplacer les CF-18.

Selon un rapport du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), le budget de la Défense est en augmentation continue depuis 1999 au Canada. Pour l’exercice budgétaire 2010-1, il est à son plus haut niveau depuis la Seconde Guerre Mondiale, pour atteindre 22,4 milliards de dollars, soit une une hausse de plus de 8 milliards en 10 ans.

Désormais, le Canada consacre 1,3% de son PIB aux dépenses militaires, ce qui le classe au 13ème rang mondial dans ce domaine. Cet effort s’explique par les interventions canadiennes sur des théâtre d’opérations extérieurs (l’Afghanistan par exemple) et par la défense du Nord du pays.

Aussi, le choix du F-35 pour équiper les forces canadiennes n’apparaît pas des plus judicieux, d’autant plus que l’appareil américain ne dispose que d’un seul moteur, alors que cela avait été un critère éliminatoire lors de l’achat des CF-18, et qu’il revient cher, au point que des commentateurs ont parlé de « carte de crédit volante ».

La question du prix du F-35 fait débat au Canada. Le ministère canadien de la Défense l’a estimé entre 70 et 75 millions de dollars l’unité. Or, pour le Government Accountabilité Office (GAO) américain, il faudrait compter au minimum entre 110 et 115 millions de dollars pour chaque avion commandé par Ottawa

En mars dernier, le directeur du GAO, Michael Sullivan, a indiqué devant un sous-comité de la Chambre des représentants que le coût des F-35 devant équiper l’aviation américaine avait doublé en 10 ans, passant de 69 à 133 millions de dollars. Et encore, cette hausse n’est sans doute pas terminée, étant donné que le développement et les essais de l’avion ne sont pas terminés.

Quoi qu’il en soit, les estimations du GAO confirment celles faites par le direceur parlementaire du budget canadien, bien qu’elles avaient été contestées par le gouvernment conservateur de Stephen Harper, qui espère des retombées significations du programme F-35 pour l’industrie aérospatiale canadienne.

La décision d’acquérir l’avion furtif de Lockheed-Martin a été contestée dès le début par l’opposition libérale canadienne. En fait, cette dernière a surtout critiqué l’absence d’appel d’offres pour le remplacement des CF-18, d’autant plus que le quotidien Le Devoir a évoqué, en novembre dernier, l’existence d’un document du ministère canadien de la Défense selon lequel d’autres avions auraient pu parfaitement répondre aux exigences des forces aériennes du pays.

En octobre, le chef de l’opposition libérale, Michael Ignatieff, a fait savoir qu’il annulerait le contrat signé par le gouvernement conservateur et qu’il lancerait un appel d’offres « ouvert et compétitif » dans le cas où il serait élu Premier ministre.

Or, il se trouve que la vie politique canadienne a connu un petit séisme le 25 mars dernier : une motion de censure présentée par le Parti libéral contre le gouvernement conservateur a été adoptée par les parlementaires. Et cela a ouvert la voie à de nouvelles élections fédérales.

Par conséquent, en cas de victoire des libéraux, l’on peut s’attendre à ce que le contrat portant sur l’achat de F-35 soit remis en cause, avec, à la clé, le lancement d’un appel d’offres, auquel pourrait répondre le Rafale de Dassault Aviation, mais aussi le Gripen de Saab, le F/A-18 Super Hornet de Boeing ou encore l’Eurofighter. A moins que ne soit décidée la prolongation de durée de vie des CF-18 actuels…

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