Les F35 canadiens devraient coûter plus chers que prévu

Il y a des décisions qu’il est difficile à comprendre. Comme au Canada par exemple. Dans les années 1980, et compte tenu de l’immensité du territoire canadien, Ottawa avait acheté des F-18 Hornet en avançant, parmi d’autres arguments, que cet appareil disposait de deux moteurs, ce qui est toujours rassurant pour le pilote si jamais l’un des deux tombe en panne alors qu’il survole le grand nord.

Afin de remplacer les F18 Hornet, le gouvernement canadien a choisi, en juillet 2010, le F35 Joint Strike Fighter, actuellement en cours de développement chez Lockheed-Martin. Pourtant, l’avion furtif américain ne dispose que d’un seul moteur…

En fait, le choix d’Ottawa a été motivé par les retombées économiques de ce programme américain. En effet, le gouvernement canadien a dépensé 168 millions de dollars pour financer une partie du développement du F-35 et les retombées pour les entreprises canadiennes qui y prennent part son évaluées à 12 milliards de dollars.

Aussi, les jeux étaient pratiquement faits, ce qui explique l’absence d’appel d’offres, auquel auraient pu participer Boeing, avec le F18 Super Hornet, le Rafale de Dassault Aviation ou bien encore l’Eurofighter.

Pour ses 65 F-35 Lightning II, le Canada devra dépenser une somme comprise entre 16 et 18 milliards de dollars US, avec le coût d’entretien des appareils inclu sur 30 ans.

Seulement, Kevin Page, le directeur parlementaire du budget canadien a refait les calculs. Et pour lui, la facture risque d’être beaucoup plus salée que prévu. En effet, selon lui, les coûts de maintien en condition opérationnelle (les Canadiens disent maintien en puissance) devraient s’élever à 19,6 milliards de dollars, en plus de l’achat des 65 avions, évalué quant à lui à 9 milliards.

Qui plus est, dans son rapport, Kevin Page a pointé les retards du programme, de l’ordre de 5 ans par rapport aux estimations initiales, et l’explosion de 60% du budget alloué au développement de l’appareil. Désormais, un exemplaire du F35 devrait coûter entre 91 et 128 millions de dollars. Et la situation risque encore de s’empirer avec l’arrêt des essais du JSF, décidé la semaine passée, après un incident en vol.

Et la récente déclaration faite par un auditeur du Government Accountability Office, l’équivalent américain de la Cour des comptes française, donnera de l’eau au moulin des opposants à l’achat du F35 au Canada.

« Les retards dans le développement, l’intégration et la diffusion des logiciels pour le programmes d’essais (du F35) ont des effets en cascade qui entravent les essais en vol, la formation et l’accréditation des laboratoires. Bien que des progrès sont réalisés, une quantité importante de travail sur les logiciels reste à faire avant que le programme puisse démontrer sa pleine capacité de combat » a ainsi déclaré Michael Sullivan, le 15 mars, en pointant la sous-estimation des efforts à accomplir pour la mise au point des systèmes informatiques de l’avion.

Au Parti Libéral canadien, qui siège dans l’opposition au gouvernement conservateur de Stephan Harper, l’on demande l’annulation du contrat portant sur l’achat des F35 et l’ouverture d’un appel d’offres. Selon Kevin Page, cette procédure aurait permis de réaliser une économie pouvant atteindre les 20%.

De son côté, le gouvernement n’entend pas se déjuger. Au contraire même, contestant les estimations faites par Kevin Page, il compte lancer une campagne publicitaire pour expliquer les raisons qui ont motivé le choix du F-35.

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