Imbroglio en vue pour le Mistral en Russie

La France va-t-elle en être de sa poche dans le cadre du contrat portant sur la vente de Bâtiment de projection et de commandement (BPC) de type Mistral à la Russie? Cela s’est déjà vu avec les chars Leclerc, vendus aux Emirats arabes unis en 1993. Si cette commande a permis à Nexter de maintenir le plan de charge de ses lignes de production, s’est révélée être un gouffre financier pour l’entreprise publique en raison d’un calcul trop juste des coûts unitaires et d’un litige sur les mises à niveaux des blindés émiratis.

Pour ce qui concerne les Mistral destinés à la marine russe, l’accord intergouvernemental a été signé par Paris et Moscou le 26 janvier dernier. Restait alors à définir les modalités du contrat commercial, et notamment le prix et les délais de livraisons des navires commandés. Pour la France, cette vente est importante pour assurer l’activité des chantiers navals STX de Saint-Nazaire.

Récemment, le quotidien russe Kommersant a fait part de blocage dans les négocations au sujet du prix des BPC. En effet, Moscou a mis 980 millions d’euros sur la table, ce qui est loin des 1,15 milliards d’euros attendus par Paris. Les autorités russes avaient alors relativisé cette information, préférant parler de « quelques problèmes (…) naturels pour un projet d’une telle envergure ».

A cela, il faut ajouter les exigences russes. Alors qu’il n’était question, au départ, de vendre à la Russie qu’une « coquille vide », il s’avère que Moscou a mis la pression sur les « transferts de technologie », sans pour autant augmenter son offre pour acquérir les navires. C’est un peu comme si un client lambda demandait une Ferrari toutes options pour le prix d’une Lada.

Selon le Figaro, la France aurait accepté d’équiper les Mistral russes du Système d’exploitation navale des informations tactiques (SENIT-9) dont sont dotés les navires français. La raison de ce revirement s’explique par une modification de dernière minute du contrat signé en janvier : le mot « contribution » française aux transferts de technologie a été remplacé par « garantie ». Et les négociateurs russes se sont ainsi engouffrés dans la brèche…

Le contrat commercial doit être conclu le 30 avril, sous réserves que les négociations aboutissent. Mais d’après les confidences faites par le ministre adjoint russe de la Défense, Anatoli Antonov, à l’agence Ria Novosti, les discussions patinent et leur terme ne paraît plus aussi certain. « Il est trop tôt pour parler de dates précises, et trop de détails techniques doivent encore être réglés. Le contrat doit être adapté à nos conditions. Les experts devront faire un travail difficile et habile pour régler tous les paramètres du futur contrat » a-t-il affirmé.

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