Le colonel Kadhafi en passe de mater la rébellion

Pendant que la communauté internationale s’interroge et se déchire sur l’opportunité de planifier des opérations militaires contre l’aviation des forces libyennes, que l’Union européenne, par la voix du président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a « salué le courage des insurgés » sans pour autant leur accorder le moindre soutien, pourtant demandé par la France et la Grande-Bretagne, le colonel Kadhafi a non seulement repris l’initiative contre la rebellion partie de Benghazi, dans l’est du pays, mais aussi renversé une situation qui lui était défavorable.

Ainsi, après avoir repris Ras Lanouf, tenu jusqu’alors par les insurgés, les forces loyales au colonel Kadhafi ont poursuivi leur contre-offensive en s’emparant du port pétrolier de Brega.

Face à des combattants inexpérimentés, armés de bric et de broc, les hommes du colonel Kadhafi utilisent une tactique simple : l’assaut commence par un bombardement aérien et l’artillerie ainsi que les katiouchas prennent le relais. Il reste ensuite à disperser les rebelles, qui, sans chaîne de commandement, finissent par prendre la fuite afin de se replier vers un autre point d’appui.

Et c’est avec cette tactique éprouvée que les forces loyalistes ont repris la ville stratégique d’Ajdabiya en un peu plus d’une heure, le 15 mars, s’ouvrant ainsi la voie vers Benghazi, Tobrouk et la Cyrénaïque. Maintenant, c’est le foyer de l’insurrection libyenne qui est à portée de canon.

Pour le fils du colonel Kadhafi, Saïf al-Islam, qui a accusé le président Sarkozy d’avoir bénéficié de fonds libyens pour sa campagne électorale en 2007, tout sera terminé dans « 48 heures » et il est trop désormais trop tard pour que la communauté internationale prenne des mesures contre son pays.

Reste maintenant à voir le sort qui sera réservé aux rebelles. Le colonel Kadhafi a promis de ne pas tuer ceux qui se rendraient. Pour les autres, le choix devrait se limiter entre la valise et le cerceuil.

« Nous voulons une zone d’exclusion aérienne, nous voulons des frappes tactiques contre les chars et les roquettes utilisées contre nous, nous voulons une frappe contre la base de Kadhafi » a appelé Moustafa Gheriani, le porte-parole du Conseil national de transition (CNT), le mouvement d’opposition au colonel Kadhafi. Cet appel à l’aide restera vraisemblablement lettre morte.

D’où le coup de gueule du chef de la diplomatie française, Alain Juppé, sous la forme d’un billet publié sur son blog. « Il ne suffit pas de proclamer, comme l’on fait à peu près toutes les grandes démocraties, que ‘Kadhafi doit partir’. Il faut se donner les moyens d’aider efficacement ceux qui ont pris les armes contre sa dictature » écrit le ministre des Affaires étrangères.

Le patron du Quai d’Orsay assure que la France, la Grande-Bretagne et le Liban ont déposé un projet de résolution devant le Conseil de sécurité des Nations unies, afin d’obtenir un mandat pour mener les frappes ciblées que Paris a proposées avec Londres, la semaine passée, à ses partenaires européens.

« Il est souvent arrivé dans notre histoire contemporaine que la faiblesse des démocraties laisse le champ libre aux dictatures. Il n’est pas encore trop tard pour faire mentir cette règle. Ce sera l’honneur de la France d’avoir tout tenté pour y parvenir » conclut Alain Juppé.

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