Panhard n’exclut pas un regroupement de l’industrie française de l’armement terrestre autour de Thales

La consolidation du secteur français de l’armement terreste est un serpent de mer. On le dit inéluctable et nécessaire mais force est de constater que les choses évoluent très lentement, voire même pas du tout.

Ainsi, en décembre 2009, Panhard a exprimé son intérêt pour Nexter et avancé le projet d’une prise de participation au capital de l’entreprise publique. Pour cela, il aurait fallu que l’Etat se décide à « dénationaliser » le constructeur du char Leclerc. Et cela n’est pas encore fait.

De son côté, Renault Truck Defense (RTD), n’a pas caché, non plus, son intérêt pour l’ex Giat Industries, en parlant même d’en « prendre totalement le contrôle », comme l’avait affirmé le vice-président de la filiale du groupe Volvo, Serge Perez, en juin 2008.

Quant à Thales, son patron, Luc Vigneron, a récemment évoqué l’intérêt de son groupe pour Nexter. Pour le moment, les discussions concernent la filiale munitions (TDA) de l’électronicien ainsi que sur son activité portant sur les véhicules blindés (gamme Bushmaster) en Australie.

Pourtant, il y a urgence à consolider l’industrie française d’armement terrestre, qui concerne 20.000 emplois directs et 20.000 autres indirects. Le chiffre d’affaires des entreprises adhérentes au GICAT (Groupement des Industries Françaises de Défense Terrestre) est de 5,26 milliards d’euros, ce qui est un montant équivalent à celui enregistré par BAE Systems ou General Dynamics. Et encore, ce résultat est dû pour une bonne part aux commandes de l’armée française.

Dans le contexte d’une forte concurrence, la somme des chiffres d’affaires – hors munitions – des trois principaux industriels français du secteur, c’est à dire Panhard, Nexter et RTD, atteint le milliard d’euros. Seulement, la taille modeste de ces entreprises ne leur permet pas d’investir suffisamment en matière de recherche et développement, ce qui se traduit in fine par une perte de compétitivité.

Pour Christian Mons, qui est à la fois le président du GICAT et de Panhard, le risque est de voir les actionnaires de son entreprise perdre patience et vendre leurs actions à des opérateurs étrangers si cette restructuration tant espérée tarde à voir le jour.

Aussi, devant les députés de la Commission de la Défense et des Forces armées de l’Assemblée nationale, il a rappelé que sa société est « disponible pour participer à une action de consolidation des acteurs français, que ce soit sous la forme d’une vente, d’une fusion, d’une combinaison, d’un joint-venture, d’un groupement d’intérêt économique ou tout autre dispositif ».

Estimant que la filière française de l’armement terrestre est « en danger de mort », Christian Mons s’est dit « ouvert à un regroupement des industriels autour de Thales ». Seulement voilà, comme le président du GICAT l’a souligné, il faut au moins deux conditions : que le conseil d’administration du groupe d’électronique en exprime la volonté et que l’Etat mette en vente une partie du capital de Nexter. Or, il n’est question d’aucune des deux. Du moins, pour le moment.

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