Le mauvais procès fait à la mission du BPC Mistral en Tunisie

La semaine passée, il avait été décidé de mobiliser le bâtiment de projection et de commandement Mistral ainsi que plusieurs avions gros porteurs afin d’évacuer 5.000 ressortissants égyptiens ayant trouvé refuge en Tunisie après avoir fui les troubles qui agitent la Libye depuis la fin du mois de février.

Parti de Brest le 28 février dernier, avec une promotion d’élèves officiers de l’Ecole naval à son bord, le BPC Mistal a, dans un premier temps, rejoint Toulon pour charger 130 m3 de fret humanitaire (tentes, couvertures, rations alimentaires) avant d’appareiller pour le port de Zarzis, en Tunisie, où il est arrivé dans la journée du 7 mars.

Seulement voilà, entre-temps, le pont aérien mis en place entre la Tunisie et l’Egypte pour évacuer les ressortissants égyptiens a particulièrement bien fonctionné et les marins du Mistral n’ont pas eu à embarquer à bord de leur bâtiment les 900 réfugiés attendus.

Comme certains commentaires acerbes assurent qu’il s’agit d’un « flop », le mission du BPC Mistral à Zarzis a-t-elle été inutile? Pour les élèves officiers, elle leur aura tout d’abord servi de travaux pratiques. C’est le but de leur présence à bord. En second lieu, si, pour une raison ou pour une autre, le pont aérien avait été moins efficace qu’il ne l’a été, le navire de la Marine nationale aurait été en mesure d’embarquer des réfugiés égyptiens. Enfin, elle a permis de livrer de l’aide humanitaire aux camps de réfugiés situés à la frontière tuniso-libyenne.

Sur ce dernier point, et comme l’a souligné le lieutenant de vaisseau Thierry Delorme, le porte-parole de cette opération, ce fret réceptionné par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) « sera toujours le bienvenu » car « ces denrées, médicaments et couvertures peuvent contribuer à sauver des vies ».

Quant à la question de savoir pourquoi le BPC Mistral n’a pris en charge des réfugiés de nationalité autre qu’égyptienne, comme par exemple les milliers de bangladais et de chinois, cela ne faisait tout simplement pas partie de l’ordre de mission. « Nous ne sommes pas payés pour avoir des états d’âmes » a assuré le lieutenant de vaisseau Thierry Delorme au quotidien France Soir. Et d’expliquer : « On peut difficilement embarquer des gens pour des semaines de mer. L’Egypte, c’est seulement à deux jours et demi d’ici, c’est une durée raisonnable ».

Cette justification donnée par l’officier lui a par ailleurs valu d’être insulté par un chroniqueur de la radio Europe1 qui devrait certainement s’intéresser davantage aux réalités des opérations militaires avant de déverser son fiel à l’antenne et de salir gratuitement la réputation d’un homme. « Le lieutenant de vaisseau Delorme a eu tort de choisir la marine, il aurait fait une carrière autrement glorieuse dans l’aviation, car comme disait Audiard, si les cons volaient, il aurait indiscutablement été chef d’escadrille » a en effet déclaré Guy Carlier, lors de sa chronique de ce 8 mars. En tout cas, il y a des chroniques qui volent bas…

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