Démission du ministre allemand de la Défense

Après le départ d’Alain Juppé de l’Hôtel de Brienne à l’issue du remaniement gouvernemental provoqué par le départ forcé de Michèle Alliot-Marie du Quai d’Orsay en raison d’un emballement médiatique au sujet de ses vacances en Tunisie, c’est au tour de l’Allemagne de connaître la même chose, avec la démission, ce 1er mars, de Karl-Theodor zu Guttenberg, le ministre de la Défense.

Depuis la mi-février, cet élu de la CSU, l’équivalent bavarois de la CDU, le parti chrétien-démocrate, est impliqué dans une affaire de plagiat. En effet, Karl-Theodor zu Guttenberg, 39 ans, a été surnommé le « baron du copier-coller » pour avoir emprunté à d’autres chercheurs les deux tiers de sa thèse de droit public, présentée en 2006 à l’université de Bayreuth et qui lui avait donné le titre de « docteur ».

« J’étais toujours prêt à me battre, mais j’ai atteint les limites de mes pouvoirs », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse. « J’ai informé la chancelière, lors d’une conversation très amicale, que je renonçais à mes fonctions politiques et demandais à en être relevé. C’est l’initiative la plus douloureuse de ma vie » a-t-il anjouté. « Je ne pars pas seulement à cause de mon doctorat plein d’erreurs, bien que je puisse comprendre qu’il s’agisse d’une raison suffisante pour beaucoup au sein de la communauté universitaire. La cause tient aux doutes quant à mes capacités à réaliser les ambitions les plus hautes que je me suis assignées », a-t-il encore expliqué.

Très populaire outre-Rhin malgré des critiques dans les média pour son côté « people » (ou « bling-bling), Theodor zu Guttenberg pouvait même prétendre, un jour, devenir le chef du gouvernement allemand. Aussi, il a été soutenu, ces derniers jours, par la chancelière Angela Merkel, qui craignait de perdre un atout non négligeable pour la série d’élections régionales prévues en Allemagne cette année.

Mais la lourde défaite de la CDU à l’occasion du premier scrutin, organisé à Hambourd, le 20 février dernier, a sans doute sonné le glas pour le ministre allemand de la Défense, dont l’action est soutenue par plus de 75% de l’opinion publique outre-Rhin. Et continuer à le soutenir dans cette affaire aurait été contre-productif à terme puisque cela aurait donné l’impression de cautionner le mensonge au sein du gouvernement. D’où des critiques sévères à son encontre, faites par des élus de sa propre majorité, à commencer par le président du Bundestag (Parlement), qui l’a accusé de miner « la confiance dans la démocratie ».

Nommé ministre de la Défense en octobre 2009, après une bavure de la Bundeswehr dans la province afghane de Kunduz (une centaine de civils tués au cours d’une frappe aérienne demandée par un officier allemand sans la moindre précaution), Karl-Theodor zu Guttenberg a lancé une vaste réforme des forces allemandes en obtenant la suspension du service militaire afin d’ouvrir la voie à la mise en place d’une armée professionnelle, forte, à terme, de 180.000 hommes et en n’excluant pas un éventuel recours à des recrues d’origine étrangère.

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