Un général américain a cherché à manipuler psychologiquement des élus

L’an passé, une note publiée par WikiLeaks, dont la véracité n’a pas été formellement établie, faisait état des recommandations de la Red Cell (cellule rouge), une unité de la CIA, concernant les ficelles médiatiques et les éléments de langage à utiliser pour influencer favorablement les opinions publiques européennes en faveur des opérations de l’Otan en Afghanistan. Ce document avait été rédigé en mars 2010, c’est à dire peu de temps après la chute du gouvernement néerlandais au sujet de sa politique afghane, laquelle, d’ailleurs, fut absente des débats de la campagne électorale qui suivit.

Finalement, il ne s’agissait que d’une sorte de plan marketing, comme les vendeurs de lessive en font à longueur d’année. Aussi, cela apparaît bien anodin par rapport à la tentative d’influencer psychologiquement des élus afin d’obtenir plus de troupes et de crédits pour l’Afghanistan.

En effet, déjà impliqué dans l’éviction du général McChrystal du commandement de la Force internationale d’assitance à la sécurité (ISAF) en Afghanistan, le magazine américain Rolling Stone accuse, dans sa dernière livraison, le général William Caldwell, chargé de la formation des troupes afghanes, d’avoir fait appel à une cellule « psy-ops » de l’armée américaine pour tenter d’influencer les élus en déplacement à Kaboul.

Parmi les personnalités visées, l’on trouve John McCain, l’ancien candidat républicain à la Maison Blanche, les sénateurs Joe Lieberman, Jack Reed, Al Franken et Carl Levin, le président de la commission de la Défense. Toujours selon Rolling Stone, l’amiral Mullen, le chef d’état-major de l’armée américaine, de même qu’un ministre allemand et un diplomate tchèque feraient également partie du lot.

Le magazine appuie ses accusations grâce au témoignage du colonel Michael Holmes, le chef de la cellule Psy Ops en question. « Mon travail de psy op est de jouer avec le cerveau des gens, afin d’amener l’ennemi à agir comme nous le souhaitons. Je n’ai pas le droit de faire ça aux nôtres. Si on me demande d’utiliser ces capacités sur des sénateurs ou des représentants, on franchit la ligne rouge » a-t-il commencé par expliquer.

D’après lui, le général Caldwell lui aurait ainsi demandé de réaliser des dossiers au sujet de ses visiteurs afin de déterminer « les points sensibles sur lesquels nous pourrions agir afin d’obtenir plus de fonds ». Le colonel Holmes a signalé le comportement de son supérieur mais il a reçu une « réprimande » en retour.

Le magazine rappelle que le général Caldwell a récemment demandé à l’administration Obama 2 milliards de dollars en plus pour la formation de 70.000 recrues afghanes. Et cette requête est soutenue par Carl Levin. Etait-il alors manipulé? Par voie de communiqué, l’élu a affirmé ne pas avoir eu « besoin d’être convaincu » pour cela et que ses « efforts ont tendu à convaincre les autres de la nécessité de forces afghanes plus importantes, plus compétentes ».

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