Libye : Une intervention militaire européenne à des fins humanitaires?

Invité sur les ondes de France Inter, ce 24 février, le ministre français de la Défense, Alain Juppé, a exclu l’idée d’une intervention militaire étrangère directe contre le régime du colonel Kadhafi, en Libye.

« Il n’y a pas d’intervention militaire, mais le durcissement des sanctions de tous ordres qui peuvent être prises, en particulier celle sur (la fermeture, ndlr) de l’espace aérien mérite d’être étudiée » a-t-il ainsi déclaré, répondant ainsi à une proposition lancée la veille par son homologue américain, Robert Gates, qui a estimé que la France et l’Italie étaient les pays les mieux placés pour mettre en place une « zone d’exclusion aérienne » au-dessus de la Libye, afin de notamment empêcher l’aviation libyenne de bombarder les populations civiles en révolte.

Cette idée a été reprise par le député socialiste Paul Quilès, par ailleurs ancien ministre de la Défense de François Mitterrand. Il a en effet appelé le président Sarkozy à demander auprès du Conseil de sécurité des Nations unies l’instauration d’une zone d’exlusion aérienne au-dessus du territoire libyen. « Ca veut dire que les avions qui, une fois cette décision prise, décolleraient du territoire libyen devraient demander l’autorisation. Et s’ils n’obtiennent pas cette autorisation, ils sont considérées comme des avions ennemis et peuvent être abattus » a-t-il expliqué.

Seulement voilà, il y a intérêt à peser le pour et le contre pour lancer une telle initiative. D’une part, un avion libyen qui se ferait abattre permettrait de renforcer le régime de Kadhafi devant une « menace extérieure ». Et d’autre part, l’on ignore la réaction qu’il pourrait avoir à l’égard des ressortissants étrangers encore présents en Libye. Connaissant le caractère fantasque et imprévisible du guide de la révolution libyenne, il est probable qu’ils subissent des représailles ou qu’ils soient pris en otage.

Aussi, l’urgence est à l’évacuation de Libye des ressortissants étrangers. La plupart des Etats membres de l’UE ont pris des initiaves en ordre dispersés. Or, il reste encore entre 5.000 et 6.000 personnes bloquées qui « ont besoin d’être évacuées » selon Raphaël Brigandi, le porte-parole du commissaire européen en charge de l’aide humanitaire.

« Nous cherchons à obtenir un soutien naval, y compris de navires militaires qui se trouvent sur zone » pour les opérations d’évacuation, a-t-il déclaré ce 24 février.

Aussi, d’après les confidences faites à l’AFP par un haut responsable européen, l’UE « n’exclut pas de mettre sur pied une intervention militaire à des fins humanitaires pour aider à l’évacuation de ses ressortissants en Libye ».

Seulement, pour le moment, on en est encore loin. « Nous sommes en contact avec les Etats européens pour voir comment leurs moyens civils et militaires peuvent être déployés » a encore précisé ce haut responsable, qui a par ajouté que « toute sorte d’opération militaire requiert un fondement légal ».

Pour une éventuelle opération militaire, l’Union européenne peut compter sur une force de réaction rapide composée par deux bataillons (Battle Group) de 1.500 militaires chacun et dont les missions humanitaires font partie de leur mandat. Le premier de ces deux « groupements tactiques 1.500 » est armé par l’Allemagne, l’Autriche, la Lituanie et les Pays-Bas tandis que les effectifs du second, appelé « Nordic Battle Group », sont notamment fournis par la Finlande, la Suède, l’Estonie et l’Irlande.

Seulement, il n’est guère probable que l’un de ces bataillons soit engagé dans une opération humanitaire pour la simple et bonne raison qu’il ne pourra pas être déployé en Libye, ni même dans les pays limitrophes. Par conséquent, c’est ce qui explique que si une intervention militaire de l’UE doit avoir lieu, elle ne pourra se faire qu’avec des moyens aériens et navals.

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