Jack Lang craint un rapprochement entre les pirates somaliens et le terrorisme islamiste

Dans un entretien accordé en août 2010 au quotidien Le Télégramme, le député Christian Ménard, auteur d’un rapport parlementaire concernant la piraterie maritime, avait confié que les services de renseignements soupçonnaient l’existence de liens entre les pirates et les combattants islamistes somaliens, lesquels ont fait allégeance à al-Qaïda.

« Récemment encore, l’ensemble des spécialistes de la question s’entendait pour dire qu’il n’existait aucun lien entre pirates et terroristes. Ce n’est plus le cas » avait-il alors affirmé. Seulement, il n’y a aucune preuve pour étayer cette hypothèse. Seulement des présomptions.

Nommé l’été dernier au poste de « Conseiller spécial du secrétaire général des Nations unies pour les questions juridiques liées à la piraterie au large de la Somalie » et auteur d’un récent rapport sur le sujet, Jack Lang ne va pas aussi loin que le député Ménard mais craint toutefois qu’une telle collusion finisse par se produire. « Pour l’instant, la piraterie et le terrorisme sont deux phénomènes distincts, mais le risque existe qu’un jonction de fasse » a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse donnée le 22 février à Bruxelles, à l’issue d’une réunion avec des ambassadeurs des pays de l’Union européenne.

Plus généralement, l’ancien ministre français a appelé la communauté internationale à « agir vite et fort » contre les pirates qui sévissent au large de la Corne de l’Afrique, notamment dans le domaine juridique. « Malgré les efforts, neuf pirates sur dix sont relâchés, car très peu de pays acceptent de les juger » a-t-il déclaré, alors qu’ils sont pourtant autorisés à la faire en vertu du principe de la compétence universelle.

« Les pirates ont un sentiment d’impunité. Pas un jour ne passe sans qu’il n’y ait une attaque. Ils sont de mieux en mieux équipés, de mieux en mieux informés et de plus en plus violents » a-t-il expliqué, en soulignant que leur zone d’action s’est étendue. « La Tanzanie et Oman sont confrontés au phénomène au large de leurs côtes » a-t-il rappelé. « Aucune action ne doit être écartée » a encore estimé Jack Lang, en citant « la reprise de vive force » en mer des bâtiments capturés « quand les circonstances s’y prêtent » et des « actions sur terre ». Et il faudrait également viser les commanditaires, qui sont « six ou sept personnes connues » selon lui.

Professeur de droit, Jack Lang a notamment préconisé le renforcement des structures juridiques et pénitentiaires du Puntland et du Somaliland, deux régions autonomes autoproclamées et jouissant d’une relative stabilité par rapport au reste de la Somalie, la mise en place, en Tanzanie, d’un cour somalienne extraterritoriale chargée de juger les pirates arrêtés dans l’océan Indien.

Par ailleurs, Jack Lang a plaidé devant les diplomates européens pour le maintien de la mission navale Atalante, dont le mandat doit se terminer à la fin de l’année 2012.

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