Afghanistan : Début du transfert d’autorité d’ici à la fin juin

Selon le lieutenant-colonel britannique Roly Walker, qui a eu 5 de ses hommes abattus par un policier local dans la province du Helmand en novembre 2009, l’attitude de la police afghane est l’un des facteurs de l’insurrection dans le district de Nad-e-Ali, cible d’une offensive majeure l’an dernier.

C’est du moins la teneur de ses propos, rapportés en juin dernier par le quotidien The Telegraph. L’officier a ainsi mis en cause la corruption et la « mauvaise conduite » des policiers afghans dans la motivitation des jeunes civils à rejoindre les rangs des taliban.

Pour autant, et bien qu’il n’y ait peu de chances pour que cette situation ait évolué dans le bon sens en l’espace de quelques mois, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a écarté les inquiétudes au sujet de la capacité de la police afghane à assumer ses missions en déclarant, le 7 février, avoir « constaté une amélioration » de sa « qualité » et que l’on assistera « à de nouvelles améliorations dans les années à venir ».

Quant à l’armée nationale afghane, dont plusieurs reportages, articles et compte-rendus ont mis l’accent sur la qualité de son recrutement et mis en avant les problèmes de rivalités éthniques et désertions, Anders Fogh Rasmussen s’est dit « optimisme » quant à son développement « rapide », tant en effectifs qu’en qualité. Et de préciser que les militaires afghans représentant la moitié des troupes engagées dans les opérations menées par la coalition.

Aussi, il n’est pas question de remettre en cause le processus décidé à Lisbonne, à l’occasion du dernier sommet de l’Alliance atlantique, selon lequel le transfert de la responsabilité de la sécurité aux forces afghanes devrait être amorcé dès 2011, afin de permettre de commencer le retrait des troupes de l’Otan.

« Il est prématuré de dire quoi que ce soit sur la date du début de la transition proprement dite, mais ce sera au premier semestre de 2011 » a annoncé Anders Fogh Rasmussen. Et ce sera donc d’ici à la fin juin.

La veille, le président afghan, Hamid Karzaï, s’est montré plus impatient à l’occasion de la Conférence internationale sur la sécurité de Munich. « J’annoncerai la première phase de la transition pour le Nouvel an afghan, qui est le 21 mars » a-t-il en effet déclaré. Et d’ajouter : « Nous sommes déterminés à démontrer que les Afghans peuvent diriger et prendre en main leurs propres affaires ».

Seulement, encore faudrait-il que la liste de districts et des provinces où cette transition sera possible soit connue. Ce qui devrait être le cas en avril prochain.

Mais le président afghan a une nouvelle fois surpris en demandant le démantèlement des Provincial Reconstruction Team (PRT, équipes provinciales de reconstruction), estimant qu’avec les sociétés militaires privées, elles étaient un obstacle à l’extension de l’autorité de son gouvernement dans le pays.

Ces équipes, déployées dans un premier temps dans le cadre de l’opération Enduring Freedom avant de passer dans le giron de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan, mettent en oeuvre des projets de développement là où elles sont présentes. Leur raison d’être est justement de créer des relais d’influence auprès de la population civile afin de soutenir les efforts de la coalition et de promouvoir le gouvernement afghan.

En fait, cette demande s’inscrit dans une vieille revendication du président Karzaï, consistant à ce que les milliards de dollars versés par la communauté internationale au titre de l’aide au développement soient directement gérés par son gouvernement. Et au vu des affaires de corruption liées au pouvoir afghan, la dernière en date étant celle de la banque de Kaboul, où d’importantes sommes ont pris le chemin de Dubaï, l’on comprend la réticence des bailleurs de fonds à donner une suite favorable cette requête.

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