Les femmes de gendarmes montent au créneau

Le renoncement du ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, à dissoudre deux compagnies républicaines de sécurité (CRS) grâce à la mobilisation des syndicats de la Police nationale et au mouvement de grogne des policiers concernés continue de susciter des remous, si ce n’est de la colère, au sein de la gendarmerie mobile, laquelle verra disparaître, en 2011, 7 de ses escadrons, après en avoir perdu 8 en 2010.

Pour tenter d’éteindre le début d’incendie, le directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), le général Jacques Mignaux, a adressé une allocution vidéo à ses hommes par voie interne.

« Il convient en effet d’éviter toute comparaison hâtive. Je sohaite notamment combattre l’idée que les syndicats de police ont obtenu, en 48 heures de mobilisation, plus d’écoute que la gendarmerie » a ainsi déclaré le général Mignaux. « La gendarmerie mobile et les compagnies républicaines de sécurité sont chacune concernées, dans le cadre de la révision générale des politiques publiques, par une diminution d’environ 10% de leurs effectifs » a-t-il poursuivi.

Pour la gendarmerie mobile, nous avons fait le choix d’une réorganisation des unités par voie de dissolution. Depuis 2008, il a été annoncé que 15 escadrons seraient concernés. Ce chiffre n’a pas varié et ne variera pas » a encore précisé le DGGN.

« Les CRS constituent une force civile, essentiellement engagée sur le territoire métropolitain. Nos gendarmes mobiles sont eux engagés sur un éventail de missions très large, aussi bien en métropole, qu’en Outre-mer ou en opération extérieure. Ainsi, pour la gendarmerie, il n’aurait pas été réalisable de faire porter la charge des diminutions d’effectifs sur chacun des 123 escadrons, déjà ramenés à un format minimal » a-t-il expliqué, tout en assurant que ces dissolutions ont été menées « avec écoute et humanité » et un « accompagnement adapté et sincère ».

Est-ce que ces explications suffiront à calmer les inquiétudes des gendarmes mobiles? Ces derniers, qui n’ont pas le droit d’appartenir à un syndicat compte tenu de leur statut militaire, peuvent compter sur leurs camarades qui ont quitté l’uniforme. Ainsi, l’Union nationale du personnel en retraite de la gendarmerie (UNRPG) (45.000 adhérents) et le magazine « L’Essor de la gendarmerie » (35.000 lecteurs revendiqués) ont demandé, le 1er février, « un moratoire sur la suppression de tout escadron de gendarmerie mobile. »

« Nous sommes surpris, choqués et indignés par la mise en scène orchestrée par les syndicats de police pour lutter contre la suppression de deux compagnies de CRS et par la stupéfiante décision du ministre de l’Intérieur qui a cédé devant cette pression inadmissible de la part de fonctionnaires civils qui se prétendent exemplaires », ont fait savoir les deux organisations par voie de communiqué.

A Rennes, l’annonce officielle de la dissolution de l’escadron de gendarmerie mobile 11/3 a été perçue d’autant plus comme une mauvaise surprise que les moblots bretons reviennent tout juste d’une mission en Afghanistan.

Aussi, ce sont leurs épouses qui sont montées au créneau, en manifestant, le 1er février, devant la caserne Margueritte. « Nous sommes les seuls porte-parole que nos maris puissent avoir » a estimé l’une d’entre elles, citée par le quotidien Le Télégramme.

Deux motifs expliquent leur coup de colère. La différence de statut entre les CRS et les gendarmes mobiles tout d’abord. Etant donné qu’ils dépendent tous du ministère de l’Intérieur, elles estiment qu’ils devaient avoir les mêmes avantages. « Et s’il s’agit de faire des économies, il faut quand même savoir que les CRS sont à 35 heures par semaine alors que dans la gendarmerie, il n’y aucune limite! » a lancé l’une des épouses, toujours selon le Télégramme.

Le seconde raison tient à la façon dont a été annoncée la dissolution de l’EGM de Rennes, décidée depuis bien avant son départ pour l’Afghanistan mais, selon elles, différée pour les gendarmes partent « l’esprit tranquille ».

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