Grave incident entre le Pakistan et l’Afghanistan

Il sera difficile de déterminer qui des deux a commencé. Ce 2 février, un échange de tirs d’artillerie a eu lieu entre les troupes pakistanaises et afghanes dans la province de Khost, frontalière du Waziristan du Nord, l’une des sept zones tribales semi-autonomes par rapport à Islamabad, à la fois bastion des mouvements radicaux islamistes et base arrière des insurgés afghans, dont le réseau Haqqani.

Du côté de l’armée nationale afghane, l’on assure que ce sont les soldats pakistanais qui ont ouvert le feu, à l’arme lourde et légère, sur des postes de police du district de Gurbuz, ce qui a entraîné une riposte. Pour l’armée pakistanaise, qui a perdu un de ses hommes au cours de cet affrontement, ce sont les forces afghanes qui ont tiré en premier plusieurs obus de mortier sur ses positions.

Le précédent incident de ce type remonte à mai 2007. Un policier afghan et trois civils avaient été tués au cours d’un accrochage avec les forces pakistanaises. L’automne dernier, trois militaires pakistanais avaient trouvés la mort lors du raid d’un hélicoptère de l’Otan ayant franchi la frontière séparant l’Afghanistan du Pakistan (Ligne Durand). Par la suite, Islamabad avait bloqué les convois logistiques de la coalition internationale transitant par son territoire afin de protester.

Par ailleurs, le général David Rodriguez, le commandant du « Joint Command » de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), a estimé, le 1er février, au cours d’une conférence de presse, que la mission en Afghanistan ne serait pas compromise si le Pakistan n’intervient pas dans le Nord-Waziristan pour en déloger les mouvements insurgés.

« Nous avons besoin qu’ils en fassent plus. Nous allons les encourager à en faire plus parce que cela nous facilitera la tâche » a-t-il cependant déclaré, en reconnaissant que les précédentes opéations pakistanaises – dans la vallée de Swat et au Sud-Waziristan – ont été importantes pour l’effort de l’Otan en Afghanistan.

Quoi qu’il en soit, les propos du général Rodriguez paraissent bien optimistes par rapport aux évaluations de plusieurs agences de renseignement américaines, selons lesquelles les efforts acomplis en Afghanistan pourraient être sapés par la passivité d’Islamabad à l’égard du réseau Haqqani, soutenu par les services secrets pakistanais (ISI).

Enfin, le général Rodriguez a estimé que les taliban allaient vraisemblablement changer de tactique en n’affrontant plus directement les forces de la coalition mais en s’en prenant aux responsables et aux notables afghans par des actions ciblées, comme l’illustre, par exemple, l’enlèvement de 21 chefs tribaux de la province de Kunar, il y a environ une semaine.

« Les personnes enlevées avaient initialement été convoquées par les taliban pour une choura dans une mosquée d’un village » du district de Mrawar. « A l’issue de la discussion, les taliban les ont tous emmenés avec eux dans un endroit inconnu » a confié un resposable afghan auprès de l’AFP. Cet enlèvement a été revendiqué par un chef taleb, Qaro Zia-ur-Rahman, qui l’a justifié par le fait que « certains membres de la famille de ces gens travaillent dans l’armée ou la police afghanes ou avec l’Otan ».

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