La Russie propose à l’Otan de discuter de la défense cybernétique

L’affaire du virus informatique Stuxnet, qui aurait été développé par Israël dans le but de perturber le programme nucléaire iranien, inquiète la Russie. Selon l’ambassadeur russe auprès de l’Otan, Dmitri Rogozine, ce programme malveillant « qui est très toxique, très dangereux, pourrait avoir de graves conséquences » et pourrait « aboutir à un nouveau Tchernobyl ».

« Ce qui s’est passé il y a quelques mois à la centrale nucléaire de Bouchehr en Iran (ndlr, construite avec l’aide de la Russie) est une véritable catastrophe » a-t-il déclaré à l’issue d’un conseil Otan-Russie (COR), qui s’est tenu à Bruxelles, le 26 janvier.

« Cela a touché un logiciel de l’Allemand Siemens et l’Otan devrait enquêter là-dessus » a estimé le diplomate russe, avant d’ajouter que « des attaques de ce genre contre un système de commandement militaire pourraient avoir de graves implications ». « L’Otan et la Russie devraient discuter de cyber-défense » a encore lancé Dmitri Rogozine.

En matière de piratage informatique, la Russie a déjà quelques faits d’armes à son actif, notamment avec l’attaque par déni de service des serveurs officiels estoniens, à après le déboulonnage, à Tallin, d’une statue à la gloire de l’Armée rouge, en avril 2007.

L’affaire avait grand bruit à l’époque, certains n’hésitant pas à parler de « cyberguerre ». Toujours est-il que l’Estonie avait été contrainte de faire appel à l’Otan, qui avait alors dépêché sur place trois spécialistes.

L’année suivante, lors du conflit russo-géorgien d’août 2008, le même type d’attaque contre des serveurs de la république caucasienne avaient été constatés. D’autres sites officiels avaient même été « défacés », avec le remplacement des photos du président Saakachvili par des portraits d’Hitler. Pour parer au plus pressé, la Géorgie avait alors ouvert des sites grâce au service Blogger de Google.

« Nous pouvons nous attendre à ce que ces attaques fassent de plus en plus partie de l’arsenal de guerre, au côté des actions militaires. Leur force, c’est qu’elles ne blessent ni ne tuent personne, et qu’il est bien plus difficile de savoir d’où elles viennent et qui est impliqué » avait estimé, au moment des faits, Greg Day, un analyste chez l’éditeur McAfee.

Par ailleurs, concernant la défense antimissile, la Russie et l’Otan se sont mis d’accord pour organiser un grand exercice de simulation par ordinateur. La datre de ces manoeuvres, qui devraient se dérouler en Allemagne, n’a toutefois pas été encore précisée.

Le 24 janvier, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a une nouvelle fois salué la coopération entre la Russie et l’Alliance « pour protéger l’Europe », décidée à l’occasion du récent sommet de Lisbonne. Toutefois, l’ancien Premier ministre danois a estimé qu’il fallait « créer deux systèmes indépendants, mais coordonnés » de défense antimissile, ce que Moscou rechigne à envisager.

« Soit nous nous mettons d’accord sur la coopération avec l’Otan et créons un système de défense antimissile conjoint, soit nous ne parvenons à aucune entente et serons obligés de décider le déploiement d’un groupement de missiles nucléaires », a répondu le président russe, Dmitri Medvedev. « Nous attendons une réponse claire et nette de nos partenaires otaniens à la question de savoir quelle est la place de la Russie (dans le bouclier antimissile européen). Nous trouverons une solution au problème actuel soit en coopération avec l’otan soit seuls », a-t-il ajouté.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]