Le Premier ministre kosovar, un « gros poisson » du crime organisé selon l’Otan

Au printemps 1999, afin d’éviter une éventuelle catastrophe humanitaire, l’Otan bombardait Belgrade pour contraindre la Serbie de se retirer du Kosovo, qu’elle considérait jusqu’alors comme le berceau de la nation serbe et où son armée affrontait l’Armée de libération du Kosovo (UCK), composée de guérilleros d’origine albanaise.

Au bout de plusieurs semaines d’une campagne militaire qui donna lieu à beaucoup de critiques et de polémiques, l’armée serbe quittait le Kosovo pour être remplacée par la KFOR, la force de l’Otan pendant qu’une administration provisoire se mettait en place.

Pour autant, les problèmes communautaires n’étaient pas encore réglès, et ils ne le sont toujours pas actuellement. Des tensions entre les serbes du Kosovo, implantés dans le nord, et les albanais apparaissent de temps à autre, sans toutefois remettre en cause de manière irrémédiable le calme apparent.

Et en février 2008, Pristina proclamait son indépendance, reconnue par 74 Etats membres des Nations unies et confortée par la Cour internationale de justice (CIJ), selon qui cette décision était conforme au droit international.

Seulement voilà, certains dirigeants albanais kosovars n’ont pas très bonne réputation, à commencer par l’actuel Premier ministre, Haschim Thaçi, qui vient de remporter les dernières élections législatives, avec 32,40% des voix. Ce dernier a été accusé, dès 2008, par Carla Del Ponte, l’ancien procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, d’avoir été au courant d’un trafic d’organes prélevés sur des Serbes capturés par des combattants de l’UCK en août 1999.

Ces accusations portées contre l’ancien chef de l’armée de libération du Kosovo ont été confirmées par le parlementaire suisse Dick Marty, qui a remis au Conseil de l’Europe un rapport concernant les exactions commises par l’ex-guérilla kosovars.

Ainsi, et pendant la campagne militaire menée par l’Otan, l’UCK aurait traité de façon inhumaine des « prisonniers de guerre » serbes jusqu’à la fin du mois de juin 1999. Puis, jusqu’en 2000, il a été constaté un nombre importants de « disparus ». Certains auraient été soit tués, soit « victimes de la criminalité organisée » et leurs organes auraient alimenté un réseau de trafic international.

Mais, si l’on en croit les révélations faites par le quotidien britannique The Guardian, l’Otan savait à quoi s’en tenir avec Hashim Thaçi, décrit comme l’un des trois « gros poissons » du crime organisé au Kosovo dans des rapports de renseignement intitulés « USA KFOR ». Le journal note ainsi que les Etats-Unis comme les autres pays européens ayant soutenu l’indépendance de l’ancienne province serbe avaient « une connaissance étendue de ces liens criminels depuis plusieurs années ».

Le rapport de la KFOR, vraisemblablement établi en 2004, évoque aussi un certain Xhavit Haliti, un ancien responsable de la logitique de l’UCK qui entretient des liens avec la mafia albanaise. Parmi les activités qu’on lui prête, il y a la prostitution ainsi que les trafics d’armes et de drogue.

Quoi qu’il en soit, près de 12 ans après l’intervention de l’Otan, le Kosovo reste toujours dépendant de l’aide internationale et compte 43% de chômeurs. La KFOR va réduire sa présence à 5.000 hommes à compter de mars prochain, après avoir transféré à la police kosovare le contrôle des frontières avec l’Albanie, en avril dernier, et, la semaine passée, avec la Macédoine, avec laquelle il y a eu plusieurs incidents, même encore récemment.

Actuellement, la France a la responsabilité du bataillon multinational nord, fort de 1.200 militaires de 8 nationalités différentes. Armé principalement par le 110ème Régiment d’Infanterie et le 3ème Hussards, il est commandé par le colonel Benoît Roux. La diminution des effectifs de la KFOR aura pour conséquence une revue du dispostif. Il serait ainsi question de porter les bataillons internationaux de 4 à 2.

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