Les Etats-Unis veulent vendre le F35 au Japon

Au cours d’une conférence de presse donnée à Washington le 12 janvier, le chef d’état-major interarmées américain, l’amiral Mike Mullen s’est inquiété du développement rapide des capacités militaires chinoises. « La Chine investit dans des armements de pointe et la question est toujours de tenter de comprendre exactement pourquoi » a-t-il ainsi déclaré, tout en déplorant l’opacité de Pékin sur les ressources alloués à ses armées.

Pour l’amiral Mullen, les programmes d’armement chinois, comme les armes anti-satellites, la défense antimissile, le missile balistique DF-21 « tueur de porte-avions » ou encore l’avion supposé furtif J-20, « semblent dirigés très spécifiquement contre les Etats-Unis ».

En déplacement au Japon, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a quant à lui estimé, dans un discours prononcé à l’université de Keio à Tokyo, que « les avancées de l’armée chinoise dans le domaine de la guerre cybernétique et antisatellite sont un défi potentiel à la capacité de nos forces d’opérer et de communiquer dans le Pacifique ». Toutefois, le patron du Pentagone a pris quelques précautions oratoires, en se disant « en désaccord avec ceux qui décrivent la Chine comme un adversaire stratégique inévitable des Etats-Unis ». « Nous accueillons une Chine qui joue un rôle constructif sur la scène internationale » a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, si les efforts chinois dans le domaine militaire préoccupent les Etats-Unis, ils inquiètent surtout les autres puissances régionales, qui ont avec Pékin des contentieux territoriaux en mer de Chine, riche en ressources naturelles.

Et puis c’est sans oublier Taïwan, l’île considérée comme une province rebelle par les autorités chinoises et le Japon, qui outre le différend qui l’oppose avec la Chine au sujet des îles Senkaku, entretient des relations tumultueuses avec l’Empire du Milieu pour des raisons historiques.

« La Chine modernise rapidement son armée et intensifie ses activités dans les eaux voisines de son territoire. (…) Avec le manque de transparence de la Chine sur les questions militaires et de sécurité, cette tendance est une source d’inquiétude pour la région et la communauté internationale » affirme ainsi le rapport définissant l’avenir de la stratégie de défense japonaise, publié le 16 décembre dernier.

Pour répondre à la montée en puissance de l’armée chinoise, mais aussi à la menace posée par la Corée du Nord, Robert Gates a souligné, dans la version écrite de son discours prononcé à Tokyo, l’importance du déploiement de 47.000 soldats américaines dans l’archipel, principalement à Okinawa, en vertu d’un accord de sécurité signé en 1951.

« Sans une telle présence, les provocations militaires de la Corée du Nord pourraient petre encore plus insupportables — ou pire : la Chine pourrait se comporter de façon plus arrogante à l’égard de ses voisins » a-t-il estimé.

Si cette présence militaire américaine est aussi importante, il serait encore mieux, du point de vue de Robert Gates, que le Japon se fournissent auprès des Etats-Unis pour équiper ses forces d’auto-défense.

En effet, étant donné que la nouvelle stratégie japonaise recommande de renforcer les forces aériennes du pays, le chef du Pentagone a « suggéré » à son homologue nippon, Toshimi Kitazawa, « d’étudier trois avions américains pour régénérer sa flotte » d’avions de combat, à savoir le F35 Lightning II, le F/A-18 Super Hornet et le F15E Strike Eagle. Une ancienne version de cet appareil, fabriquée sous licence par Mitsubishi, est déjà en service au Japon, sous la désignation F15J/DJ.

En 2006, le Rafale de Dassault Aviation figurait, avait-il semblé, sur la liste des avions de combat intéressant les responsables de la Force aérienne d’auto-défense japonaise, laquelle aurait souhaité acquérir des F22 Raptor, interdit d’exportation par le Congrès américain. L’Eurofighter Typhoon serait aussi sur les tablettes des dirigeants japonais.

Alors que l’avion furtif chinois J-20 a réalisé son premier vol pendant qu’il était encore à Pékin, Robert Gates a estimé que si les Japonais « choisissent le bon avion, cela leur donnerait la chance d’avoir des capacités de cinquième génération », dont fait partie, justement, le F35.

Confié en 2001 à Lockheed-Martin, ce programme est un gouffre à dollars. Le budget alloué à la mise au point de l’appareil a déjà atteint 51 milliards de dollars, avec la rallonge de 4,6 milliards décidée à la fin de l’année 2010. Au total, les 2.443 appareils prévus coûteront au minimum 382 milliards de dollars.

Devant les difficultés et les dérapages de coût, Robert Gates a récemment décidé, par souci d’économie, de mettre « sous surveillance » la version STOVL (atterrissage/décollage vertical/court) de cet appareil, destinée à l’US Marines Corp et dont les Britanniques ne veulent plus. Il est même possible, qu’à terme, elle soit annulée. Et pour les autres déclinaisons de cet avion, la commande de 124 exemplaires, sur les 449 prévus d’ici 2016, a été reportée.

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