Afghanistan : « Des pertes malheureusement nécessaires » pour l’ISAF

Si l’on en croit les chiffres donnés le 2 janvier par le ministère afghan de l’Intérieur, 1.292 policiers ont péri lors d’actes violents en Afghanistan pour l’année 2010. Le nombre d’insurgés tués s’éleverait à 5225 et celui des civils à 2043.

Cette dernière donnée ne correspond pas à celle publiée par l’ONU qui estime que 2412 civils ont été victimes du conflit en Afghanistan entre janvier et octobre 2010. Par conséquent, le bilan avancé concernant les pertes des insurgés sont à prendre avec précaution, d’autant plus que les taliban ont l’habitude de ne pas laisser leurs morts sur le théâtre des opérations.

Du côté des forces de sécurité afghanes, 1.292 policiers et 810 soldats afghans ont perdu la vie l’an passé. A cela, s’ajoute le bilan officiel des pertes de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF). L’année 2010 aura été ainsi la plus meurtrière pour la coalition internationale depuis son engagement en Afghanistan, il y a 9 ans, avec 711 militaires tués, dont 16 français.

Ce bilan a été commenté le 3 janvier par le général allemand Josef Blotz, le porte-parole de l’ISAF. « Nos pertes ne sont pas une preuve d’un quelconque échec de notre stratégie, au contraire » a-t-il ainsi affirmé lors d’une conférence de presse.

Le renforcement des effectifs de l’ISAF, lesquels sont désormais forts de 140.000 soldats, a permis « de mettre en difficulté les taliban et les réseaux insurgés dans des zones où ils n’avaient pas été mis en difficulté depuis plusieurs années » a expliqué le général Blotz.

Au cours de l’année 2010, l’ISAF et l’armée nationale afghane ont en effet lancé des opérations majeures dans les provinces du Helmand et de Kandahar, fiefs du mouvement taleb. Si les insurgés semblent avoir reculé dans ces zones, il faudra cependant attendre le printemps prochain pour voir évaluer la portée des offensives qui y ont été menées.

Pour l’officier allemand, ces opérations ont conduit « à une hausse de la violence », ce qui avait été prévu par l’ISAF. « Mais visiblement, c’est une étape nécessaire dans la stratégie d’ensemble et avant que ça ne s’améliore, malheureusement, cela dout empirer et c’est ce que nous avons vu vers la fin 2010 » a-t-il affirmé.

Ce pronostic est en partie partagé par le ministre français de la Défense, Alain Juppé. Invité à s’exprimer sur les ondes d’Europe1, ce 4 janvier, il a dit espérer que la situation en Afghanistan « n’empirera pas », tout en admettant que « ce sera difficile ».

Par ailleurs, le général Blotz a contesté un récent rapport de la mission des Nations unies en Afghanistan selon lequel l’insurrection aurait pris de l’importance, notamment dans le nord et le nord-ouest du pays. L’on sait que la province de Kunduz a été le théâtre de violents accrochages, ces derniers temps, entre des insurgés et les troupes allemandes qui y sont déployées.

« Actuellement, je ne vois aucune province où les taliban reprennent de l’essor (…) ce n’est pas vrai selon nous » a ainsi affirmé le général allemand. « Nous maintiendrons la pression sur l’insurrection partout (…) il n’y aura pas de pause hivernale » a-t-il encore rappelé.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]