La France donne 100 missiles HOT au Liban, Israël inquiet

Lors de son déplacement au Liban, en mai dernier, Hervé Morin, alors ministre de la Défense, avait promis d’aide de la France pour équiper l’armée libanaise afin que cette dernière puisse prendre sa « place dans une région (…) par nature instable. Et d’évoquer la livraison d’hélicoptères Gazelle, prélevés sur les stocks de l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) à mesure de l’entrée en service progressive des Tigre.

Mais pour le moment, la France compte céder gracieusement au Liban 100 missiles anti-char HOT. Cette information, révélée la semaine passée par un représentant du gouvernement libanais, a été confirmée par François Fillon, le Premier ministre français.

« Notre coopération militaire avec le Liban contribue à l’indépendance et la stabilité du pays et est conforme à la résolution 1701 du Conseil de sécurité » des Nations unies, a expliqué le ministère français des Affaires étrangères, par voie de communiqué. « Elle vise à soutenir, en conformité avec des règles de procédures bien établies, les autorités du Liban et son armée qui est la seule légitime pour assurer la défense du pays. Elle a aussi pour objectif de favoriser le renforcement de la présence de l’armée au Sud-Liban et de sa coopération avec la Finul conformément à la 1701 » a ajouté le texte du Quai d’Orsay.

Ces missiles anti-char HOT (Haut Subsonique Optiquement Téléguidé) devraient armer les hélicoptères Gazelle déjà en dotation au sein de l’armée libanaise. Cette munition, développée dans le cadre d’une coopération franco-allemande en 1978, peut atteindre une cible située à 4.000 mètres en 17 secondes.

Du côté des militaires israéliens, cette livraison de missiles HOT n’est pas vue d’un très bon oeil. Selon les déclaration d’un responsable de Tsahal, cité par l’AFP sous le couvert de l’anonymat, l’Etat hébreu a exprimé son « inquiétude sur le fait que le Hezbollah prend de plus en plus de pouvoir au sein du gouvernement libanais et sur le fait que des armes destinées à l’armée libanaise puissent faire partie de l’arsenal du Hezbollah ».

La milice chiite libanaise, qui entretient des liens étroits avec l’Iran et la Syrie, et avec laquelle Israël a eu un conflit au cours de l’été 2006, pose un problème à Tsahal, qui, selon le général Giora Eiland, ancien conseiller à la sécurité nationale d’Ariel Sharon et d’Ehud Omert, « ne sait pas comment vaincre le Hezbollah. » Et de poursuivre sur les ondes de Radio Israël son raisonnement : « Dès lors, une guerre mettant aux prises seulement Israël et le Hezbollah causerait davantage de dommages au Hezbollah qu’il y a quatre ans et demis mais plus encore sur le front intérieur israélien ».

Pourtant, la position de la France est la même que celle des Etats-Unis, expliquée lors d’un séjour au Pays du Cèdre par le général James Mattis, le chef de l’US CENTCOM, le commandement américain pour l’Asie centrale et le Moyen Orient. Ce dernier avait promis, en novembre dernier, de « continuer à soutenir l’entraînement et l’aide (…) à l’armée libanaise, de façon à construire une plus grande capacité militaire » et de lui permettre ainsi de contribuer à « la stabilité régionale ».

Par ailleurs, l’armée libanaise va recevoir des hélicoptères Mi-24 de la part de la Russie, ainsi que 31 chars d’assaut T-72 et 36 canons avec 30.000 obus de 130 mm. Et récemment, elle a pris livraison d’une trentaine de blindés d’occasion – 12 M-113A1 en version ambulance et 16 AIFV – vendus par la Belgique.

En revanche, elle attend toujours les 43 chars Leopard retirés du service par l’armée belge et commandés en 2007 auprès de Bruxelles. La raison de ce retard est l’absence d’octroi de la licence d’exportation de ces blindés par l’Allemagne, étant donné qu’ils ont été fabriqués par l’entreprise allemande Krauss-Maffei.

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