Afghanistan : Des progrès « fragiles et précaires »

Le président américain Barack Obama s’est fait remettre, ce 16 décembre, un rapport concernant l’évolution de la situation en Afghanistan, un an après avoir annoncé une nouvelle stratégie pour tenter d’améliorer la sécurité de ce pays, sur la base des recommandations faites par le général Stanley McChrystal, alors commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), placée sous l’autorité de l’Otan.

Ainsi, selon ce document, « la dynamique que les taliban avaient acquise ces dernières années a été arrêtée dans une grande partie du pays et repoussée dans certains secteur clés ». Cependant, le rapport reste prudent en mettant en avant que « ces progrès restent fragiles et précaires ».

Cette évolution serait due au renforcement des troupes de l’Otan, décidé en décembre 2009. « Le déploiement accéléré de ressources militaires américaines et internationales dans la région, qui a commencé en juillet 2009 et s’est poursuivi après la révision de la politique (américaine) par le président à l’automne de l’année dernière a permis de réaliser ces progrès » affirme le texte.

« Le renforcement de la coalition militaire et des ressources civiles, ajouté à une prolongation de la campagne des forces spéciales et celle des mesures de sécurité au niveau des villages, a réduit l’influence des talibans », ajoute encore le document.

Le rapport souligne par ailleurs les succès militaires obtenus contre l’insurrection, notamment dans les bastions historiques du mouvement taleb, c’est à dire dans la province de Kandahar er du Helmand. Et cela, en dépit de la hausse des pertes des troupes de la coalition internationale, lesquelles approchent le seuil des 700 tués cette année.

Aussi, et avec la montée en puissance des forces de sécurité afghanes, les auteurs du documents estiment que la stratégie en Afghanistan est « en train de mettre en place les conditions nécessaires au début d’une réduction responsable des forces américaines en juillet 2011 », conformément à la volonté affichée du président Obama. Pour mémoire, le récent sommet de l’Otan à Lisbonne avait fixé l’échéance de 2014 pour le transfert de la responsabilité de la sécurité aux autorités de Kaboul, les troupes de l’ISAF, réduites, restant en soutien.

Quant à la présence d’al-Qaïda dans la région, qui a motivé l’intervention internationale en Afghanistan après les attentats du 11 septembre 2001, le rapport indique que « la direction » de l’organisation d’Oussama ben Laden au Pakistan « est plus faible et soumise à des pressions plus constantes que jamais depuis qu’elle a fui » le territoire afghan en 2001″.

Pour autant, si les capacités du réseau terroriste ont été « réduites », elles n’ont pas pour autant été anéanties. « Des complots terroristes continuent à être montés contre les Etats-Unis, nos alliés et nos partenaires » souligne le document, qui estime que « la défaite stratégique finale d’al-Qaïda sera accomplie en supprimant ses sanctuaires dans la région et en éliminant ce qui reste de ses cadres dirigeants ».

Pour atteindre cet objectif, la coopération avec les autorités pakistanaise est nécessaire, voire « déterminant » comme l’indique le rapport. Le texte parle de « progrès substantiels mais aussi inégaux » dans la relation des Etats-Unis avec le Pakistan et recommande une meilleure entente avec Islamabad le long de la ligne Durand (ndlr, frontière afghano-pakistanaise) pour « empêcher les extrêmistes de se retrouver en sûreté ».

Cependant, les perspectives dressées par ce bilan ne sont pas partagées par tout le monde. Le mois dernier, un rapport de l’International Crisis Group était pessimiste quant à l’avenir de l’Afghanistan, notamment après 2014. « Peu d’éléments indiquent que les opérations (de l’Otan) ont troublé l’élan de la rébellion. Les taliban sont plus actifs que jamais et disposent toujours de sanctuaires et de soutiens au Pakistan » avait constaté le document.

Justement, l’attitude des autorités pakistanaises a été critiquée par deux autres rapports du renseignement américain, portant l’un et l’autre sur l’Afghanistan et le Pakistan. Ainsi, selon le New York Times et le Los Angeles Times, la passivité d’Islamabad à l’égard des bastions islamistes situés dans les zones tribales frontalières permet toujours aux insurgés de trouver une base de repli après avoir mené des actions contre les forces de l’Otan en territoire afghan. Cela étant, ces deux documents ont été jugés « périmés » par deux responsables du Pentagone puisqu’ils ne pendraient pas en compte les succès enregistrés à Kandahar et dans le Helmand et qu’ils ont été rédigés par des analystes manquants de « perspective sur la situation sur le terrain ».

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