Les Etats-Unis accusés des difficultés du Rafale à l’exportation

Le ministre de la Défense, Alain Juppé, a exprimé sa confiance, sur les ondes de France Inter, ce 15 décembre, au sujet de la vente de 36 avions Rafale au Brésil. « Nous avons bons espoirs » a-t-il ainsi déclaré.

Après la visite du président Sarkozy au Brésil de septembre 2009, l’affaire semblait entendue, notamment à la lecture du communiqué conjoint publié après une rencontre avec le chef de l’Etat brésilien.

« Compte tenu de l’étendue des transferts de technologie proposés et des garanties apportés par ailleurs par la partie française, le président Lula a annoncé la décision de la partie brésilienne d’engager des négociations avec le GIE (ndlr: Groupement d’intérêt économique) Rafale » avait-il été ainsi convenu à l’époque.

Depuis, on le sait, le président Lula a reporté plusieurs fois l’annonce de son choix pour finalement passer le relais à Dilma Rousseff, celle qui va lui succéder à partir du 1er janvier prochain. Cette donc à cette dernière qu’il reviendra de choisir entre le Rafale, le Gripen et le F18 Super Hornet.

Cela étant, si Alain Juppé est confiant, il se veut aussi et surtout prudent. « J’espère que les chances de la France se confirmeront dans les semaines qui viennent. Je ne vous en dirai pas plus, j’aime bien observer un peu de prudence dans ces domaines » a-t-il déclaré, tranchant ainsi avec son prédécesseur, Hervé Morin, qui avait indiqué cet été attendre « tranquillement, sereinement, l’annonce ou la déclaration du président Lula qu’il avait prévue au mois de juillet ».

Mais l’optimisme est également de mise du côté américain. Le sous-secrétaire d’Etat, William Burns, s’est dit « confiant » pour la vente du F/A-18 Super Hornet à l’issue d’une rencontre avec le ministre brésilien de la Défense, Nelson Jobim. La contrepartie proposée par Washington en cas de signature du contrat serait l’acquisition par l’US Navy d’avions Super Tucano, fabriqués par Embraer.

Aussi, le ministre de la Défense a parlé de « bagarre entre les pays exportateurs » au sujet de ce contrat. Et avant d’aborder la question de la vente du Rafale au Brésil, Alain Juppé a lancé une pique aux Etats-Unis. « De façon générale, les Américains ne sont jamais enthousiastes à l’idée que la France vende des armements. Ca ne vaut pas simplement pour les bateaux mais aussi pour les avions » a-t-il estimé.

Invité à l’antenne d’Europe1 ce 15 décembre, Serge Dassault, président d’honneur de Dassault Aviation, a expliqué les échecs commerciaux du Rafale par le fait que les « Américains ont une puissance politique et diplomatique que nous n’avons pas ».

Et de prendre l’exemple de la Corée du Sud, où l’avion français « a été considéré comme le meilleur » selon lui. « On n’a pas été choisi parce que les Américains disent ‘si vous choisissez le Rafale, on enlève nos troupes, vous êtes envahis, on ne vient pas, on vous laissera tomber, etc…’ Et nous, qu’est ce que vous voulez qu’on y fasse? » a-il déploré.

En 2002, Séoul avait pris la décision d’acheter 40 exemplaires du F15 K, pour 4,4 milliards de dollars, au détriment du Rafale, le tout sur fond de rumeurs de corruption, d’intimidation et d’espionnage. « En dépit de toutes les assurances sur la transparence et l’équité de cette compétition, le ministère coréen de la Défense a fait son choix sur des considérations américano-coréennes » avait déclaré, à l’époque, un porte-parole de Dassault Aviation.

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