L’attitude des militaires russes n’a pas changé à l’égard de l’Ouest

La publication de plus de 250.000 télégrammes diplomatiques du département d’Etat américain par WikiLeaks est une aubaine pour les services de renseignement, à commencer par le SVR russe. Nul besoin de monter une opération compliquée, comme cela a été récemment le cas, quand des informations confidentielles sont servies sur un plateau.

Cela étant, le directeur du SVR, Mikhaïl Fradkov, n’a pas besoin de WikiLeaks pour connaître le sentiment des militaires russes à l’égard des Etats-Unis et, par extension, envers l’Otan. De même que ceux qui suivent de près l’actualité des relations internationales.

Ainsi, un câble émanant de l’ambassade américaine à Moscou, rédigé en 2009, met en avant le « manque de transparence et de réciprocité des Russes » dans le domaine des relations militaires. Selon ce document, le ministère russe de la Défense « n’a pas changé son mode opératoire en ce qui concerne l’échange d’informations ou le dialogue de base depuis la fin de la Guerre froide ».

« Les délégations russes refusent régulièrement de partager avec nous les informations provenant de leurs briefings de sécurité, même quand des demandes formelles sont formulées » peut-on également lire. Le télégramme diplomatique évoque aussi la surveillance exercée par le GRU (ndlr, le service de renseignement de l’armée russe) des représentants militaires russes.

Dans le fond, quand l’on sait que l’Otan est perçue comme une menace dans la dernière livraison de la doctrine militaire russe, ces révélations n’ont rien de très surprenant. Quant aux anciens pays du Pacte de Varsovie, maintenant membres de l’Alliance atlantique, ils ont également le même sentiment à l’égard de la Russie. Et la récente information publiée par le Wall Street Journal n’améliorera pas les choses.

En effet, selon le quotidien économique, qui ne s’appuie pas sur les câbles diplomatiques de WikiLeaks mais sur des confidences faites sous le couvert de l’anonymat par des responsables américains, la Russie aurait récemment déployé, à plusieurs reprises, des armes nucléaires tactiques près de la Litunanie et de la Pologne, vraisemblablement à Kaliningrad.

Et où la bât blesse, et bien que le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a démenti l’information du Wall Street Journal, c’est que ces déploiements ont été effectués en violation d’un traité signé en 1991, selon lequel il avait été convenu que la Russie devait réduire et retirer ses armes nucléaires tactiques situées près de ses frontières.

Ces révélations ont été faites alors que des difficultés ont vu le jour pour la ratification par le Sénat américain du nouveau traité de désarmement START et que l’Otan et la Russie vont entamer des discussions, le 8 décembre, portant sur la mise en place du bouclier anti-missile censé protéger les membres de l’Alliance atlantique d’une éventuelle attaque de missiles balistiques.

Seulement, sur ce dernier point, la défiance ne sera pas absente des débats. Lors d’une réunion au Parlement européen au sujet de cette coopération, des députés ont exprimé des réserves, comme notamment le bulgare Evgeni Kirilov. Ce dernier a en effet déclaré ne pas être certain que les négociations aboutissent et qu’un tel partenariat puisse être techniquement possible. D’où sa crainte d’un « retour de bâton » en cas d’échec.

De son côté, le représentant permanent russe auprès de l’Otan, Dmitri Rogozine, invité également à s’exprimer devant les députés européens, a indiqué qu’en Russie, « beaucoup pensent que l’Iran n’est qu’un prétexte » pour justifier ce système de défense antimissile.

Cela étant, les deux têtes de l’exécutif russe ont d’ores et déjà prévenu : si les discussions au sujet du bouclier n’aboutissent pas, la Russie relancera la course aux armements.

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