Les pacifistes mobilisés pour la visite d’Alain Juppé à l’Ile-Longue

Le 1er décembre, le ministre de la Défense, Alain Juppé, doit visiter la base de l’Ile-Longue, où sont basés les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, c’est à dire la composante océanique de la dissuasion française.

La semaine passé, au Sénat, l’ancien Premier ministre avait déclaré qu’il n’était « pas temps pour la France de baisser la garde ». « Ma thèse n’est pas de dire que la France doit donner l’exemple, avant tous les autres » en matière de désarmement nucléaire avait-il poursuivi.

Seulement voilà, en octobre 2009, avec Michel Rocard, Alain Richard et le général Norlain, Alain Juppé avait signé en appel en faveur du désarmement nucléaire. Et c’est sur ce terrain là que des manifestants pacifistes vont l’attendre au cours de son déplacement en terre bretonne, où la coordination locale du Mouvement de la paix espère lui demander des comptes.

« Une grande majorité d’Etats, de nombreuses ONG, des élus, les organisations syndicales au plan mondial, la Croix Rouge internationale, le secrétaire général des Nations unies exigent le respect du droit international qui a fixé, voilà plus de 40 nas, le désarmement comme une obligation » a fait valoir cette coordination, selon le quotidien Le Télégramme.

L’on ignore à quel texte cette coordination se référe pour avancer que la dissuasion française ne respecterait pas le droit international. En tout cas, il est introuvable sur son site Internet. Car le Traité de non-prolifération nucléaire, qui, en revanche, y figure, indique, dans son article 6, que « chacune des Parties (…) s’engage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace ». En clair, ce n’est pas le désarmement qui est obligatoire, mais les négociations en vue de désarmer qui le seraient…

Par ailleurs, la Cour internationale de justice a rendu, en juillet 1996, un avis consultatif au sujet de la légalité des armes nucléaires. « Au vu de l’état actuel du droit international, ainsi que des éléments de fait dont elle dispose, la Cour ne peut cependant conclure de façon définitive que la menace ou l’emploi d’armes nucléaires serait licite ou illicite dans une circonstance extrême de légitime défense dans laquelle la survie même d’un état serait en cause » a estimé cette instance, dont la décision se termine ainsi : « il existe une obligation de poursuivre de bonne foi et de mener à terme des négociations conduisant au désarmement nucléaire dans tous ses aspects, sous un contrôle international strict et efficace. »

Plus sur le sujet : Désarmement et droit international, Serge Sur, Centre Thucydide, 7 mars 2006

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