La Russie et les Etats-Unis vont aider le Liban à s’armer

Après un accrochage frontalier avec des soldats israéliens au Liban Sud en août dernier, le président de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine, Howard Berman, avait bloqué une aide d’un montant de 100 millions de dollars destinée à l’armée libanaise afin d’enquêter sur les liens de cette dernière avec le Hezbollah, la milice chiite.

Le 12 novembre dernier, le parlementaire a levé son blocage, après avoir pris connaissance des résultats d’un enquête « approfondie » menée par plusieurs agences américaines concernant l’utilisation prévue pour cette aide.

Aussi, le général James Mattis, le chef de l’US CENTCOM, le commandement américain pour l’Asie centrale et le Moyen Orient, a pu « promettre de continer à soutenir l’entraînement et l’aide (…) à l’armée libanaise de façon a construire une plus grande capacité militaire et à approfondir leur relation », selon un communiqué diffusé par l’ambassade des Etats-Unis à Beyrouth, à l’occasion d’une visite effectuée par l’officier au Pays du Cèdre le 19 novembre et au cours de laquelle il a pu rencontrer le président libanais, Michel Sleimane, ainsi que le ministre de la Défense, Elias Murr et le chef d’état-major, le général Jean Kahwaji.

Dans le cadre de cette aide, le quotidien L’Orient-Le Jour avait indiqué en septembre 2009 qu’il était notamment question d’équiper l’armée libanaise d’avions OV-10 Bronco, un appareil anti-guérilla développé aux Etats-Unis dans les années 1960.

Pour Washington, l’aide apportée au Liban doit permettre de contribuer à la « stabilité régionale ». Il s’agit surtout de muscler l’armée libanaise par rapport aux capacités militaires du Hezbollah, qui, appuyé par la Syrie et l’Iran, s’oppose au camp du Premier ministre Saad Hariri pour son soutien au Tribunal spécial pour le Liban (TSL), lequel enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri, commis en février 2005.

Et Paris n’est pas en reste puisqu’en mai de cette année, l’ancien ministre de la Défense, Hervé Morin, avait indiqué, lors d’une visite au Liban, que la France était prête « à livrer des hélicoptères pour donner aux forces armées libanaises des moyens aéroportés significatifs ».

Mais pour renforcer cette capacité, Beyrouth s’est tourné vers Moscou. En effet, la semaine passée, la Russie a décidé de donner à l’armée libanaise 6 hélicoptères Mi-24 au lieu des MiG-29, comme il avait été initialement convenu.

En plus de ces appareils, la Russie devrait fournir gratuitement au Liban 31 chars d’assaut T-72, 36 canons avec 30.000 obus de 130 mm et près d’un demi-million de munitions pour des armes de moyen calibre.

Seulement, les motivations de Moscou pour ces dons ne sont pas totalement désintéressées puisque Vladimir Poutine, le Premier ministre russe a évoqué avec son homologue libanais, alors en visite officielle en Russie, le 15 novembre dernier, les domaines économiques où les deux pays pourraient collaborer, lesquels sont l’énergie, le transport, la communication et la « coopération militaro-technique ».

« Dans certains cas, nos grandes sociétés ont annoncé qu’elles participeraient à des appels d’offres et nous vous demandons de soutenir leurs offres » a ainsi dit Vladimir Poutine à Saad Hariri. Et en matière de ressources énergétiques, le Liban, soutenu par la Syrie, ainsi que par Turquie, et Israël se disputent d’imporants gisements de gaz et de pétrole récemment découvert au large de la zone frontalière qui sépare les deux pays.

D’une manière générale, la Russie cherche à rétablir son influence dans le monde arabe. C’est aussi l’explication de l’aide militaire apportée au Liban, mais aussi de la vente récente de missiles de croisière P-800 Yakhont, d’une portée de 300 km, à la Syrie, où la Marine russe dispose de la base de Tartous.

Bien évidemment, cette transaction n’a pas été du goût d’Israël, qui craint de voir tomber ces armes dans les mains du Hezbollah, comme cela avait été le cas avec les missiles antichars Kornet, précédemment livrés par la Russie à la Syrie, lors du conflit de l’été 2006 au Sud-Liban.

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