La Corée du Nord a bombardé l’île sud-coréenne de Yeonpyeong

Le secteur de l’île de Yeonpyeong, située juste à la limite de ligne de démarcation entre le nord et le sud de la péninsule coréenne, a été de nouveau le théâtre d’un grave affrontement entre Pyongyang et Séoul.

Après les deux accrochages navals meurtriers qui y ont eu lieu en 1999 et 2002 ainsi que le torpillage de la corvette sud-coréenne Cheonan (46 tués en mars dernier, près de l’île de Baengnyeong), la Corée du Nord a tiré une cinquantaine d’obus sur l’île de Yeonpyeong, ce 23 novembre, ce qui entraîné une riposte de la part de Séoul.

Ce bombardement a fait 2 tués et 18 blessés parmi les fusiliers marins du détachement militaire sud-coréen déployé sur cette île. En outre, une dizaine de maisons ont brûlés et cinq civils ont également été touchés.

Cette attaque, qui s’inscrit dans une stratégie de tension, notamment initiée depuis l’essai nucléaire nord-coréen de mai 2009, a eu lieu quelques jours après la révélation de l’existence d’une usine d’enrichissement d’uranium et au cours d’une phase de transition au plus haut niveau à Pyongyang, l’actuel chef du régime, Kim Jong-il, devant céder la place à son fils, Kim Jong-un.

Sur la base de témoignages recueillis auprès de transfuges, le quotidien sud-coréen Chosun Ilbo a indiqué que ce dernier aurait commencé une purge au sein du parti unique au pouvoir et des responsables militaires nord-coréens seraient visés par des enquêtes portant sur des actes de corruption. Il suit en cela l’exemple donné par son père, qui avait fait de même en 1995, ce qui s’était traduit par l’exécution d’une centaines de soldats.

A cela s’ajoute les difficultés économiques de ce pays le plus fermé du monde, avec un risque élevé d’une famine d’après un récent rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM).

Techniquement, les deux Corées sont toujours en guerre étant donné le conflit qui les a opposées il y a 60 ans a pris fin avec un simple accord de cessez-le-feu. Aussi, la préoccupation de Séoul est d’éviter que cet incident ne dégénère. Le président sud-coréen, Lee Myung-Bak, mis à l’abri à Séoul, aurait ainsi donné des directives afin de « gérer la situation au mieux pour éviter une escalade ». Cela étant, Séoul a placé son armée en état d’alerte maximale et a laisser planer la menace de « représailles » en cas d’une nouvelle attaque du Nord.

De son côté, étant donné que les forces aériennes et la marine sud-coréennes effectuaient alors des exercices dans le secteur, Pyongyang a assuré ne pas être à l’origine des premiers tirs. « En dépit de nos avertissements répétés, la Corée du Sud a tiré des dizaines d’obus à partir de 13 heures (…) et nous avons immédiatement pris une initiative militaire forte » a ainsi avancé l’agence officielle KCNA.

Reste que cet incident suscite l’inquiétude au sein de la communauté internationale. Alliée traditionnelle de la Corée du Nord, la Chine a fait part de sa « préoccupation » et appelé les frères ennemis à « agir davantage afin de contribuer à la paux et à la stabilité dans la péninsule coréenne ». La Russie a mis en garde quand un « danger colossal » piuvant « dégénérer » en conflit ouvert.

Le bombardement nord-coréen a été condamné « fermement » par l’Union européenne et les Etats-Unis, lesquels ont récemment mené plusieurs exercices militaires navals aux côtés de la Corée du Sud afin de dissuader Pyongyang de toute action belliqueuse après le naufrage de la corvette Cheonan. Au Japon, le Premier ministre Naoto Kan a ordonné à ses ministres « de faire des préparatifs » afin de permettre à son pays de « réagir fermement à toute éventualité ».

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