Hamid Karzaï s’est fait tancer au sommet de l’Otan à Lisbonne

Réélu en 2009 dans des conditions sujettes à caution, le président afghan Hamid Karzaï n’est pas des mieux placés pour donner des leçons en matière de bonne gouvernance, d’autant plus que son entourage est fortement soupçonné d’être impliqué dans des affaires de corruption et de trafics de drogue.

Cela n’est pas sans inquiéter le Pentagone qui y voit une menace non seulement pour la stabilité du pays mais aussi pour la stratégie de contre-insurrection qui repose sur la nécessité de gagner la confiance des civils afghans. « Si nous voulons mener une stratégie centrée sur la population afghane et qu’elle nous voit comme les complices des voyous, nous nous tirons une balle dans le pied » avait résumé, il y a un an, le général Michael T. Flynn, alors responsable du renseignement militaire, dont les propos avaient été rapportés par le New York Times.

Aussi, quand Hamid Karzaï demande, lors du rencontre à huis clos avec les dirigeants des pays membres de l’Otan, dans le cadre du dernier sommet de l’Alliance à Lisbonne, que la moitié de l’aide humanitaire soit directement versée à son gouvernement et non aux agences internationales afin qu’il puisse décider de lui-même de financer les projets qu’il juge prioritaire et de montrer à la population qu’il a le pouvoir d’agir, ses interlocuteurs sont réticents. Ce serait comme donner les clefs du bar à un alcoolique en somme…

D’où la réaction directe du Premier ministre canadien Stephen Harper, rapportée par l’agence de presse QMI. « J’ai été très direct avec le président Karzaï. Je lui ai dit que l’appui de notre gouvernement et de notre population dépend du respect que démontre le gouvernement afghan envers certains principes fondamentaux comme la démocratie, la primauté du droit, les droits de la personne, la bonne gourvernance et la lutte contre la corruption » a-t-il ainsi affirmé lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de la réunion. « Je suis très clair. On ne va pas donner un seul sou directement au gouvernement afghan à moins que nous soyons certains que cet argent sera dépensé d’une façon tout à fait responsable et transparente » a-t-il poursuivi.

Par ailleurs, et selon les « confidentiels » du quotidien Le Figaro (édition du 22 novembre), le président Karzaï s’est attiré les foudres d’Angela Merkel. Comme il a de nouveau critiqué les raids nocturnes menés par les forces de la coalition, lesquels mettent en colère les civils afghans, la chancelière allemande lui aurait vivement répondu en faisant valoir que les pays de l’Otan avaient « eux aussi une opinion publique » et que cette dernière aimerait que le maître de Kaboul soit « plus coopératif » qu’il ne l’est actuellement afin d’assurer le succès des opérations en cours.

Photo : Hamid Karzaï au forum de Davos en 2008 (c) swiss-image.ch / Andy Mettler

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