Des progrès restent à faire pour l’instruction des forces afghanes

Si les conditions le permettent, les forces de sécurité afghanes exerceront la responsabilité de la sécurité sur l’ensemble du territoire et les troupes de l’Otan qui resteront déployées après cette date-limite se verront confier une mission de soutien et d’appui.

Mais pour cela, encore faut-il que ces mêmes forces afghanes soient en mesure de prendre le relais. Et là, on part de loin. Cela étant, pour la zone de responsabilité française, dans l’est du pays, il semblerait que l’on soit sur la bonne voie, du moins si l’on en juge par le compte-rendu qu’a publié l’état-major des armées au sujet de l’opération Bison Ruck, menée le 11 novembre dernier.

Ainsi, cette mission, qui a consisté à effectuer une reconnaissance dans le secteur du village de Yakhdand, au nord de la vallée d’Uzbeen, a été planifié et conduite par l’état-major de la 3e Brigade du 201ème Corps de l’Armée nationale afghane, le GTIA Bison (principament armé par le 126e RI de Brive) ne devant intervenir qu’en soutien. Le bataillon mobilisé à cette ocassion, le Kandak 32, a été formé par un équipe d’instructeurs français, dans le cadre du dispositif OMLT (Operational Mentoring Liaison Team).

Cette opération, qui a quand même demandé l’appui des mortiers et des Caesar du GTIA Bison ainsi que l’intervention de l’aviation pour « gérer » des accrochages « sporadiques », a permis la saisi d’armes et de munitions. Quoi qu’il en soit, pour sa première mission en Surobi aux côtés des militaires français, le kandak afghan s’en serait bien tiré, si l’on en juge par les propos d’un instructeur rapportés par le site de l’EMA. « L’expérience des commandants d’unités et la motivation des jeunes soldats de ce kandak nous ont permis de relever de très nombreux points de satisfaction », a-t-il ainsi estimé.

Toujours selon l’EMA, l’armée nationale afghane serait donc désormais en mesure de participer à la totalité des opérations menées en RC-Est, plus précisément en zone française, et à 85% de celles planifiées par la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan.

Seulement, tout ne semble pas aller aussi bien partout. Du moins, c’est ce que prétendent 29 organisations non gouvernementales (ONG), dont Oxfam et Afghanaid, qui ont lancé un appel, le 19 novembre dernier, afin que l’Otan prenne des « mesures urgentes » pour protéger les civils des exactions commises par les forces de sécurité afghanes.

Dans une note intitulée « Nulle part où aller », ces ONG dénoncent la mauvaise qualité de la formation des militaires et des policiers afghans, ainsi que la « défaillance des systèmes de commandement ». Le document indique également que les victimes civiles des forces afghanes ne font jamais l’objet d’enquêtes ou de suivis.

« Il y a un grand risque que les forces afghanes commettent des exactions à grande échelle, allant du vol et de l’extorsion, jusqu’à la torture et aux assassinats indiscriminés de civils. Les Etats membres de l’Otan qui forment, conseillent, financent et arment ces forces afghanes portent collectivement la responsabilité d’éviter de tels abus, mais, jusqu’à présent, nous n’avons vu que peu d’actions sur le terrain », a estimé Ashley Jackson, une responsable de l’ONG Oxfam en Afghanistan.

Cette note, qui reconnaît que la grande majorité des victimes civiles sont le fait de l’insurrection, redoute également le recours aux milices locales, étant donné que leurs recrues ne sont que très peu contrôlées et qu’elles n’ont aucune formation.

Photo : Soldats afghans lors de l’opération Bison Ruck (c) EMA

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