Sommet de l’Otan : Accord sur le nouveau concept stratégique et la défense antimissile

Les dirigeants des pays membres de l’Otan ont adopté, le 19 novembre à Lisbonne, le nouveau concept stratégique de l’Alliance, qui remplace celui qui était en vigueur depuis 1999.

Ce document réaffirme les principes fondamentaux de l’Otan, dont la sauvegarde de « la liberté » et de « la sécurité de tous ses membres par des moyens politiques et militaires ». Et il est rappelé que l’Alliance est résolument attachée aux objectifs et aux principes de la Charte des Nations unies ainsi qu’au Traité de Washington, qui affirme la responsabilité primordiale du Conseil de sécurité de l’ONU dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».

Trois « tâches fondamentales essentielles » figurent dans le nouveau concept stratégique. L’article 5 du Traité de Washington y est réaffirmé sans surprise. Il stipule que « l’Otan prendra des mesures de dissuasion et de défense contre toute menace et d’agression et contre tout défi sécuritaire émergent qui compromettrait la sécurité fondamentale d’un ou de plusieurs Alliés ou encore l’Alliance tout entière ». D’où l’accent mis sur la gestion de crise, afin d’empêcher l’émergence de nouveaux conflits pouvant affecter ses membres ainsi que sur la « sécurité coopérative », qui implique de nouveaux partenariats avec d’autres organisations internationales ou encore à l’adhésion de « toutes démocraties européennes qui répondent aux normes de l’Otan ».

Au niveau des menaces, le document note que si la menace d’une « attaque conventionnelle contre le territoire de l’Otan est faible », elle n’en a pour autant disparu étant donné que « beaucoup (…) de pays du monde se sont lancés dans l’acquisition d’importantes capacités militaires modernes, aux conséquences difficiles à prévoir pour la stabilité internationale et la sécurité euro atlantique ».

Il est par ailleurs estimé que la prolifération des missiles balistiques, ainsi que celles des armes de destruction massive, seront « au plus haut dans certaines des régions les plus volatiles du monde » dans les dix ans qui viennent. A cela s’ajoute le terrorisme, considéré comme une « menace directe pour la sécurité des citoyens des pays de l’Otan » et susceptible d’être encore plus dévastateur en raison des progrès technologiques et de l’éventualité, pour certaines organisations, de se procurer des armes nucléaires, radiologiques, biologiques ou encore chimiques.

Les « activités transnationales illicites » sont également mentionnées, de même que les cyberattaques, susceptibles de menacer « la prospérité, la sécurité et la stabilité des Etats et de la zone atlantique ». Des évolutions technologiques, dont celles pouvant limiter l’accès à l’espace ou encore celles accomplies en matière de guerre électronique, pourraient « avoir un grave impact mondial » susceptible d’avoir des conséquences sur « la planification et les opérations militaires de l’Otan ».

La nécessité de protéger les voies d’approvisionnement, notamment énergétiques, est citée, de même que les conséquences des risques sanitaires et du changement climatique, lesquels peuvent avoir un impact sur la sécurité internationale.

Pour répondre à ces menaces, le document, qui ne désigne aucun ennemi en particulier, indique que la dissuasion, qu’elle soit nucléaire ou conventionnelle, reste un « élément central » de la stratégie d’ensemble de l’Otan. Il n’est donc pas question de se passer d’armes nucléaires, tant qu’il y en aura dans le monde.

La dissuasion nucléaire de l’Alliance, qualifiée de « garantie suprême », repose « en particulier » sur les capacités américaines. Le nouveau concept stratégique indique que les arsenaux français et britanniques, dont le caractère indépendant est affirmé, « contribuent à la dissuasion globale à la sécurité des Alliés ». Cette affirmation satisfait ainsi Paris et Londres, qui ne voulaient pas que la défense antimissile devienne un substitut à la dissuasion comme le souhaitait l’Allemagne.

Car, pour contrer la menace posée par la prolifération de missiles balistiques et d’armes de destruction massive, le nouveau concept stratégique fait du bouclier antimissile « un des éléments centraux » de la défense collective des pays membres de l’Otan et prévoit d’y associer la Russie afin de lever ses réticences en ce domaine, étant donné que Moscou y voit une atteinte à la crédibilité de sa force de frappe et admet mal que des forces militaires issues de l’Alliance – notamment américaines – puissent se déployer dans son ancienne sphère d’influence.

Les opérations dans le cyberespace font également l’objet d’un paragraphe. Le document invite à « développer » la « capacité à prévenir et à détecter les cyberattaques » mais aussi à les contrer en « recourant à la planification Otan pour renforcer les capacités nationales de cyberdéfense ».

Une bonne part de ce nouveau concept stratégique fait référence aux moyens qui doivent être donnés à l’Otan pour accomplir ses missions et remplir ses objectifs. Et, dans un contexte où les dépenses militaires de la plupart des pays européens affichent des baisses conséquentes, le document invite à alimenter « les budgets de défense aux niveaux nécessaires pour que nos forces armées aient des moyens suffisants ». Il s’agit de maintenir et de développer des « forces conventionnelles robustes, mobiles et projetables pour l’exercice des responsabilités relevant de l’article 5 comme pour les opérations expéditionnaires de l’Alliance ». Avec les récentes annonces de réduction de format d’armées européennes, notamment en Allemagne, en Grande-Bretagne et, et, dans une moindre mesure, en France, la question de savoir comment sera appliquée cette recommandation se pose.

A noter que le nouveau concept stratégique mentionne la défense européenne, que l’Otan souhaite « plus forte et plus importante » et se félicite du Traité de Lisnonne, « qui offre un cadre pour le renforcement de la capacité de l’UE à faire face aux défis de sécurité communs ». L’Union européenne est même qualifiée de « partenaire unique et essentiel ».

Enfin, l’Otan affirme ne pas être une menace pour la Russie et souhaite établir « un véritable partenariat stratégique » avec Moscou. « Nous agirons en conséquence, attendant de la Russie une attitude réciproque », note le document.

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