Une action militaire serait inefficace contre le programme nucléaire iranien

Depuis le 16 novembre, les forces aériennes iraniennes et les Gardiens de la révolution islamique ont entamé des manoeuvres défensives de cinq jours, appelées « Modafean Aseman Velayat 3 » (les gardiens du ciel islamique), afin de se préparer contre d’éventuelles attaques contre les sites du programme nucléaire de Téhéran.

Ces exercices font suite à ceux évoqués par un responsable iranien, la semaine passée, et qui ont eu la même finalité. « Cette année, nous avons mené des manoeuvres tactiques avec des vrais combats à Fordo, Téhéran, Bouchehr et Ispahan » a-t-il ainsi indiqué à l’agence Mehr.

Dans le même temps, Téhéran a annoncé, le 10 novembre, les prochains essais d’un système de défense aérienne proche du S-300 russe, dont le président Medvedev a interdit de livraison à l’Iran, en vertu de la résolution 1929 votée en juin dernier par le Conseil de sécurité des Nations unies, laquelle renforce les sanctions contre le régime des mollahs.

L’objectif de Téhéran est, par ces annonces, de dissuader une éventuelle action militaire contre ses installations nucléaires, soupçonnées de faire partie d’un programme à vocation militaire. Alors que les négociations sur ce sujet avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne (groupe 5+1) sont dans l’impasse, étant donné que l’on est encore à se demander dans quel pays doivent reprendre les discussions, qui avaient été interrompues en octobre 2009, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré, à l’occasion d’une visite aux Etats-Unis, que « la seule manière de s’assurer que l’Iran n’obtienne pas d’armes nucléaires est de brandir une menace crédible d’action militaire contre lui s’il n’arrête pas sa course à la bombe atomique ». En 2009, des responsables de l’armée israélienne avait estimé que des frappes aériennes pourraient retarder le programme nucléaire iranien de 2 à 4 ans.

Pour Israël, le programme nucléaire iranien est une menace, d’autant plus qu’il est associé au développement des capacités balistiques de Téhéran. Et l’on prête au gouvernement israélien d’être tenté par une action militaire contre l’Iran, à l’image du raid mené contre la centrale irakienne d’Osirak en 1981 et de la frappe contre un site syrien, soupçonné d’abriter réacteur nucléaire en construction.

Pour l’Etat hébreu, il s’agit de mettre en application la doctrine de l’ancien Premier ministre Begin, selon laquelle il ne peut être question d’être menacé par une « seconde Shoah », ce qui suppose d’empêcher les pays de la région de se doter d’armes de destruction massive. En janvier 2006, le Sunday Times et l’hebdomadaire allemand Der Spiegel avaient révélé l’existence de plans d’attaque israéliens contre les infrastructures nucléaires iraniennes.

Mais le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, n’est pas convaincu de l’effacité d’une telle action. « Je ne serais pas d’accord pour dire que seule une menace militaire crédible (peut convaincre) l’Iran de prendre des mesures pour mettre fin à son programme d’armes nucléaires » avait-il déjà répondu au Premier ministre israélien, alors qu’il était en voyage officiel en Australie, le 8 novembre.

Et, à l’occasion d’une conférence organisée par le Wall Street Journal une semaine plus tard, le chef du Pentagone en a expliqué les raisons. Selon lui, une action militaire ne serait qu’une « solution à court terme » au problème et elle présenterait au moins deux désavantages : celui « d’unifier une nation divisée » qui chercherait par la suite de tenter « par tous les moyens d’obtenir des armes nucléaires » et de conduire la république à islamique a dissimuler davantage son programme controversé.

« La seule solution à long-terme pour éviter d’avoir un Iran doté d’armes nucléaires est que les Iraniens se rendent compte que ce n’est pas leur intérêt » a déclaré Robert Gates. Les sanctions économiques seraient donc le meilleur moyen de contraindre Téhéran à renoncer à son programme nucléaire militaire.

Toujours d’après le patron du Pentagone, les effets de ces dernières commenceraient à se faire sentir. « Nous avons des indications montrant que M. Khamenei (ndlr, le guide suprême) commence à se dmeander si M. Ahmadenijad ne lui ment pas sur l’impact des sanctions sur l’économie » a-t-il affirmé, ajoutant que les sanctions « avaient frappés plus durement qu’ils (les Iraniens) n’avaient prévu ».

Par ailleurs, la planification d’opérations militaires contre le programme nucléaire iranien est très complexe, d’autant plus qu’il faudrait viser pas moins de 25 sites, pour la plupart extrêmement bien protégés. Quant aux conséquences, l’Iran pour bloquer le détroit d’Ormuz, par où transite l’essentiel du commerce pétrolier mondial, ou encore, s’en prendre aux installations pétrolières saoudiennes. Et cela, c’est sans compter sur d’éventuelles ripostes visant Israël – Téhéran a menacé de « mettre le feu » à Tel-Aviv en cas d’attaque – et aussi la flotte américaine déployée dans le golfe Persique.

D’où la « guerre secrète » menée contre l’Iran, avec l’apparition du ver informatique Stuxnet, qui, selon une étude évoquée par l’agence Reuters, aurait été conçu pour « ralentir le programme nucléaire iranien » ou encore avec les mystérieuses explosions qui ont eu lieu en octobre dernier sur la base « Imam Ali », laquelle abrite les missiles balistiques Shahab-3.

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