Des casques bleus pris à partie en Haïti

Il y a des pays où le sort s’acharne. Comme Haïti par exemple. L’île a subi un séisme destructeur et meurtrier en janvier dernier, avec plus de 230.000 tués, 300.000 blessés et 1,8 million de sans-abris. Et, maintenant, les Haïtiens doivent faire face au choléra.

Bien évidemment, les conséquences du tremblement de terre y sont pour quelque chose. A commencer par le problème de l’eau, susceptible d’être contaminée à cause de mauvaises conditions sanitaires.

A cela s’ajoute l’incurie des autorités haïtiennes. Un exemple a été donné par l’écrivain Sylvain Tesson, qui a  pu embarquer, en septembre, à bord de la frégate Ventôse pour Haïti, dans le bloc-notes qu’il tient pour le magazine Grands Reportages.

« Le ministre de la Santé (ndlr, haïtien) explique la situation. Les ONG se comportent mal. Certaines d’entre elles travaillent trop vite, ne se plient pas aux règlements, ne respectent pas les étapes de lancement de chantiers. L’Etat se sent insulté par ces expatriés trop pressés. Et le ministre de se féliciter d’avoir réussi à fermer un hôpital de sept cents lits construits par une ONG qui n’avait pas sacrifié au protocole admnistratif » a-t-il ainsi écrit.

Cela étant, les cas de choléra ont augmenté et le récent passage de l’ouragan Tomas n’a fait qu’amplifier ce phénomène. Selon les autorités haïtiennes, 917 personnes en sont mortes et plus de 14.500 malades ont été hospitalisés.

Mais pour une partie de la population, ce ne sont pas les conditions d’hygiène déplorables qui seraient la cause de l’apparition du choléra sur l’île mais la présence de casques bleus népalais. Selon la rumeur, l’épidémie aurait pour origine une fosse sceptique du camp de ces derniers. Des analyses médicales ont pourtant conclu que ces militaires n’y sont pour rien. Mais il n’empêche, ils ont été caillassés à Hinche, situé dans le centre du pays. Mais c’est dans la banlieue de Cap-Haïtien, à 300 km de la capitale Port-aux-Princes que les événements ont dégénéré le 15 novembre.

Là, des manifestants s’en violemment pris à une base de la mission des Nations unies en Haïti (MINUSTAH), occupée par des casques bleus chiliens. Les militaires ont lancé des grenades lacrymogènes et fait usage de leurs armes. Deux hommes ont été tués par balles. Le corps du premier a été retrouvé devant le camp de l’ONU et celui de second, dans une rue de Cap-Haïtien. Au moins 14 personnes ont été blessées par des tirs d’armes à feu.

« Il s’agit d’un manifestant qui portait une arme et qui a tiré en direction d’un soldat, qui a riposté en légitime défens » a expliqué, au sujet de l’homme retrouvé mort devant la base des casques bleus, Vincenzo Pugliese, le porte-parole de la MINUSTAH. « Le soldat n’a pas été blessé » a-t-il précisé.

Les manifestants s’en sont également pris à un commissariat de police, où ils ont mis le feu à plusieurs véhicules. Pour l’ONU, la motivation de ces violences auraient non pas pour origine l’épidémie de choléra mais la tenue d’élections législatives, le 28 novembre prochain. Il s’agirait de « créer un climat d’insécurité à la veille » du scrutin. Et l’organisation appelle « la population à rester vigilante et à de pas se laisser manipuler par des ennemis de la stabilité et de la démocratie dans le pays ».

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