Le divorce est consommé entre DCNS et Navantia

Il en était question depuis plusieurs mois et c’est devenu désormais une réalité : le groupe français de construction navale DCNS et son homologue espagnol Navantia ont mis un terme à l’alliance qui les unissait depuis les années 1990 pour la construction des sous-marins Scorpène.

Comment en est-on arrivé là? En fait, les dirigeants de DCNS ont le sentiment de s’être fait doubler par l’entreprise espagnole. Initialement, et alors qu’il était encore la « Direction des constructions navales »,  c’est à dire une admnistration au sein du ministère de la Défense, il s’agissait pour le groupe français, en s’alliant avec Navantia, de faire de l’ombre à l’industrie navale allemande qui engrangeait des contrats de vente dans le domaine des sous-marins à propulsion classique. D’où la naissance du programme Scorpène, lequel a séduit notamment le Chili, la Malaisie et l’Inde.

Seulement, au fil du temps, ce qui devait être un partenariat « gagnant-gagnant » s’est révélé un accord de dupes. Du moins du point de vue de DCNS puisque Navantia en aurait profité pour acquérir le savoir-faire français en matière de construction de sous-marin.

Et en effet, le groupe espagnol a développé en parallèle, et avec l’appui de l’américain Lockheed-Martin pour les équipements électroniques, le S-80, lequel, déjà choisi pour équiper la marine espagnole, a été présenté à un appel d’offres lancé par la Turquie… contre le Scorpène. Finalement, c’est  l’allemand TKMS qui a raflé la mise avec son U-214. A noter au passage que cette collaboration américano-ibérique est un moyen pour les Etats-Unis de reprendre pied dans la construction des sous-marins à propulsion classique, une capacité qu’ils ont perdu étant donné qu’ils ne produisent plus que des submersibles nucléaires.

Du coup, DCNS avait écarté Navantia au moment de vendre 4 exemplaires du Scorpène au Brésil. En 2008, l’affaire avait pris un nouveau tournant puisqu’elle avait été porté devant la Cour arbitrale internationale. Ainsi, DCNS avait demandé la rupture de son alliance avec Navantia et le groupe espagnol reprochait à son homologue français de l’avoir écarté du marché brésilien.

Selon le communiqué qui officialise ce divorce, « les sous-marins Scorpène seront désormais commercialisés et réalisés par DCNS. De même, les sous-marins S-80 seront commercialisés et réalisés par Navantia ». Cette annonce met aussi fin à la procédure devant la Cour arbitrale internationale.

Désormais, les deux groupes, libres de tout engagement l’un envers l’autre, peuvent affûter leurs armes pour se disputer les prochains appels d’offres portant sur l’acquisition de sous-marins. Mais cette affaire illustre, s’il en était besoin une nouvelle fois, la difficulté à établir des collaborations (et l’on ne parle même pas d’alliances ou de fusions) au sein de l’industrie de défense européenne.

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