La France aurait fourni des renseignements à l’Arabie Saoudite pour ses opérations au Yémen

En novembre 2009, un incident à la frontière entre l’Arabie Saoudite et le nord du Yémen avait conduit Ryad à lancer une opération militaire contre les rebelles zaïdites chiites du mouvement houthiste, alors également aux prises avec les forces armées yéménites depuis 2004.

Dans les premiers temps de leur opération, les militaires saoudiens ont rencontré quelques difficultés contre les rebelles. Et selon le Washington Post, Ryad aurait demandé à Washington une aide en matière de renseignement afin de mieux localiser les positions des houthistes. Seulement, les Etats-Unis ont refusé, en donnant comme justifications qu’il n’était pas question pour eux de s’immiscer dans ce conflit, même indirectement.

Du coup, toujours d’après le quotidien américain, les Saoudiens se sont tournés vers Paris à l’occasion d’une visite officielle du président Sarkozy à Ryad le 17 novembre 2009. A cette occasion, le chef de l’Etat avait été invité par le roi Abdallah dans la résidence privée de ce dernier située à Janadriya, à une trentaine de kilomètres de la capitale saoudienne. Les deux hommes y ont parlé de « tout », selon l’Elysée. Est-ce à cette occasion que la demande de renseignements sur les positions rebelles zaïdites aurait été faite?

Toujours est-il que, pour le Washington Post, que la France aurait ainsi fourni des images prises par un satellite Helios aux militaires saoudiens. La motivation de cette aide aurait été le souci de Paris d’éviter des dommages collatéraux.

« Les Français nous ont beaucoup aidé » et cette aide « est une des raisons fondamentales de la capitulation » des rebelles, a ainsi affirmé un responsable saoudien au journal américain. Les images satellites françaises auraient donc permis à l’armée saoudienne de localiser les caches d’armes et les camps d’entraînement des insurgés yéménites, lesquels ont été par la suite contraints de demander une trêve en février 2010.

Cela étant, le Washington Post ne précise pas s’il y a eu une quelconque contrepartie de la part de Ryad à l’égard de Paris. Et ce n’est pas la libération, la veille de l’arrivée du président Sarkozy en Arabie Saoudite, d’un franco-algérien soupçonné d’avoir des activités liées au terrorisme qui aura été de nature à favoriser la requête saoudienne.

Quoi qu’il en soit, et en raison de cet épisode, l’Arabie Saoudite chercherait désormais à se doter de ses propres systèmes d’observation par satellite. Le royaume compte ouvrir prochainement un appel d’offres allant dans ce sens auprès des entreprises occidentales spécialistes de ce domaine.

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