L’Union africaine veut un blocus aérien et naval de la Somalie

Afin de soutenir le gouvernement fédéral de transition somalien contre les groupes islamistes qui veulent s’emparer du pouvoir, l’Union africaine a déployé dans le pays une force de maintien de la paix, l’AMISOM, dont la mission est d’assurer la protection des institutions reconnues par la communauté internationale.

Seulement, depuis que cette force, forte de 7.200 hommes venus du Burundi et de l’Ouganda, les formations islamistes, composées par les milices Shebab, affiliées à al-Qaïda, et le Hezb-al-Islam, n’ont cessé d’étendre leur influence, réduisant le territoire contrôlé par le gouvernement somalien à quelques quartiers de la capitale, Mogadiscio.

Encore que, au début du mois d’octobre, l’émissaire de l’Union africaine en Somalie, Wafula Wamunyinyi, a laissé entendre que la situation serait sur le point d’évoluer. « Nos forces sont maintenant présentes dans plus de 40% (de la ville). A notre avis, cela devrait dépasser 50% ce mois-ci si nous continuons à progresser à ce rythme » a-t-il ainsi déclaré en évoquant une offenvive de l’AMISOM contre les insurgés somaliens. De fait, la force de l’UA aurait repris près d’une douzaine de positions dans la capitale.

L’avancée de l’AMISOM à Mogadisco pourrait s’expliquer par les tensions qui sont également apparues entre les deux principaux dirigeants des Shebab, Ahmed Abdi Godane (nom de guerre Mokthar Abou Zoubayr) et son adjoint, le cheikh Mokthar Robow, les fidèles du second ayant quitté des quartiers de la capitale somalienne.

L’objet de cette brouille porterait sur un désaccord entre les deux hommes au sujet de la stratégie de leur mouvement, le numéro deux étant opposé à l’application stricte de la loi islamique, ainsi que sur des rivalités tribales et claniques. A noter que ces responsables des Shebab auraient échappé à une attaque menée par un hélicoptère à la fin du mois dernier, lors d’une réunion organisée afin d’aplanir leurs différends.

Cela étant, une scission des miliciens Shebab pourrait renforcer leur rivaux du Hezb-al-Islam, avec lesquels ils se sont battus pour le contrôle de zones stratégiques, comme par exemple le port de Kismayo, l’an passé. Il est possible que les hommes de Robow fassent défection pour rejoindre leurs concurrents.

Par ailleurs, les milices Shebab ont subi un cuisant revers, le 15 octobre, en perdant le contrôle de la ville d’Adado, située dans le centre du pays, à l’issue de violents combats qui les ont opposé au groupe armé soufi Ahlu Sunna wal Jamaa (ASWJ), allié au gouvernement de transition somalien.

Reste que, en dépit des ces échecs et de ces tensions, les milices Shebab, qui détiennent un officier français (trop souvent oublié car il n’est pas journaliste), sont loin de s’avouer vaincues et elles ont prouvé leur capacité à frapper en dehor de leurs frontières avec l’attentat qui a visé Kampala l’été dernier.

Aussi, l’Union africaine a fait une demande auprès des Nations unies pour qu’il y ait un blocus à la fois aérien et naval de la Somalie, ainsi qu’un soutien à l’augmentation de 8.000 à 20.000 hommes les effectifs de l’AMISOM.

Ce blocus permettrait de couper l’approvisionnement en armes et en munitions des milices Shebab mais pas seulement. En effet, Ramatane Lamamra, le commissaire pour la paix et la sécurité de l’UA, a expliqué qu’il s’agit aussi de « prévenir l’entrée de combattants étrangers en Somalie », l’inquiétude des dirigeants africains étant de voir une extension de la violence depuis le territoire somalien aux autres pays de la région.

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