Des militaires réquisitionnés pour ramasser les poubelles à Marseille

Il ne sera jamais demandé aux éboueurs marseillais d’aller risquer leur peau en Afghanistan ou de porter secours à des victimes d’un séisme, comme par exemple à Haïti.

En revanche, il est possible que l’on mobilise des militaires pour ramasser les poubelles quand les éboueurs marseillais sont en grève. Servitude et grandeur militaires aurait dit Alfred de Vigny…

Voilà maintenant plusieurs jours que les ordures ne sont plus ramassées à Marseille, sur fond de contestation du projet de loi concernant l’avenir du système de retaite, lequel est actuellement discuté au Parlement.

Seulement, et preuve qu’il n’y a pas de sot métier, la situation est devenue délicate. L’accumulation des ordures – l’on parle de 7 à 8.000 tonnes – pose des problèmes non seulement d’hygiène mais aussi de sécurité.

Ainsi, depuis le début du conflit, 120 feux de poubelles ont été recensés, avec le risque, jusqu’à présent écarté, de propagation des incendies aux habitations. Par ailleurs, sur le plan sanitaire, la propagation des rats est à redouter. Etant donné que 25% de ces rongeurs sont porteurs de la leptospirose, une maladie qui, s’elle est souvent bénigne chez l’homme, peut s’avérer mortelle dans certains cas.

« S’il se met à pleuvoir, Marseille court un risque sanitaire important. Car alors l’urine infectée des rats va ruisseler sur les trottoirs » a expliqué le professeur Didier Raoult, virologue à l’hôpital de La Timone. Et comme la leptospirose se transmet par contact cutané, le risque d’une épidémie n’est donc pas impossible…

D’où la décision du préfet de région, Michel Sappin, de faire appel aux militaires de l’Unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile (UIISC7) de Brignoles (Var) pour effectuer le ramassage des ordures. Cette demande s’appuie sur un texte de loi de 1884, lequel fixe les prérogatives de l’Etat en matière d’hygiène et de sécurité.

« Nous ne sommes pas dans une logique d’affrontement mais dans une logique d’urgence sur des problématiques de sécurité » a expliqué le préfet, lors d’une conférence de presse. « Il ne s’agit nullement d’être des briseurs de grève. A aucun moment nous ne remettons en cause ce droit, mais il y a un véritable danger pour la sécurité et la santé des Marseillais » a-t-il justifié. « Si on ne fait rien, on risque de se retrouver dans une situation d’épidémie. Cela s’est déjà vu ailleurs comme à Naples » a-t-il insisté.

Reste que ramasser est une chose. Encore faut-il savoir quoi en faire puisque les grévistes ont bloqué deux centres de traitement des déchets. Cela étant, un déblocage par les forces de l’ordre n’est pas exclu par la préfecture.

L’UIISC7 appartient à l’arme du Génie et fait partie des Formations Militaires de la Sécurité Civile (FORMISC), lesquelles sont mises à la disposition du Ministère de l’Intérieur pour emploi. Cette unité compte 640 sapeurs, qui peuvent être mobilisés en permanence pour intervenir lors de catastrophes naturelles ou technologiques, que ce soit en France ou à l’étranger.

Et selon le quotidien la Provence, les sapeurs de l’UIISC7 ont été rejoint par des légionnaires pour effectuer la tâche qui leur a été assignée par le préfet de région.

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