Des miliciens sunnites rallient al-Qaïda en Irak

Plus de sept mois après les dernières élections législatives, l’Irak n’a toujours pas de nouveau gouvernement. Pendant ce temps, le Premier ministre sortant, le chiite Nouri al-Maliki s’est notamment rendu à Téhéran pour y recevoir le soutien du régime iranien. Auparavant, son concurrent, Iyad Allaoui, également chiite mais soutenu par les sunnites, a accusé l’Iran de « mettre la région sens dessus dessous et de la déstabiliser en déstabilisant l’Irak » et d’essayer de « modifier le processus politique (ndlr, irakien) en fonction de ses intérêts ».

Pendant ce temps, les attentats continuent. Le 19 octobre, le convoi du chef de la mission des Nations unies en Irak, Ad Melkert, a été attaqué alors qu’il venait de rencontrer le grand ayatollah Ali Sistani, le guide spirituel de la communauté chiite. Si le fonctionnaire de l’ONU en est ressorti indemne, un policier irakien y a perdu la vie. A Tikrit, huit membres de la famille d’un officier des forces de l’ordre irakiennes ont été tués par l’explosion d’une bombe. De même que deux autres policier, à Samarra, à 110 km au nord de Bagdad. Et dans la capitale irakienne justement, deux bus de pélerins iraniens chiites a été pris pour cible dans le quartier Karrada, avec des bombes magnétiques fixés sur les vehicules.

Et pendant ce temps, des membres des milices Sahwa, des sunnites, retournent grossir les rangs de la branche irakienne d’al-Qaïda. Pourtant, leur ralliement aux forces américaines, au plus fort de la guérilla, avait permis au général David Petraeus de réduire le niveau des violences ainsi que l’influence de l’organisation terroriste.

A Diyala, une province à majorité sunnite qui a été un fief d’al-Qaïda, il est estimé qu’environ 15% des 14.500 membres des Sahwa (réveil en arabe) ont retrouvé le réseau terroriste. Cela étant, environ 2.000 d’entre eux ont été recrutés par la police ou l’armée.

Ce revirement de ces miliciens Sahwa a plusieurs explications. Tout d’abord, ceux qui sont restés fidèles au gouvernement irakien subissent des exactions de la part des jihadistes. Et comme, il y a un an, le permis de port d’armes leur a été retiré, ils ne peuvent plus se défendre. Et puis il y a l’aspect financier, qui n’est pas à négliger : al-Qaïda a de l’argent et paie rubis sur l’ongle, alors que, semble-t-il, les autorités de Bagdad se font tirer l’oreille. Enfin, il y a évidemment l’aspect religieux, les Sahwa estimant que le pouvoir aux mains des chiites leur est défavorable, voire hostile.

Selon le New York Times, qui a évoqué cette question la semaine passée, beaucoup de ces combattants qui décident de se rallier à al-Qaïda connaissent le fonctionnement de l’armée américaine. De plus, ces défections « menacent l’équilibre social et politique de l’Iran » a souligné le quotidien.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]