Tensions communautaires au sein de l’armée belge

Voilà des mois que la Belgique est plongée dans une crise politique, sur fond de tensions communautaires entres les Wallons francophones et les Flamands. La situation est telle que certains vont même jusqu’à évoquer une partition du pays.

Et l’armée belge, qui subit une profonde réforme actuellement, est aussi touchée par cette crise. L’exemple en a été donné avec la sortie du colonel Luc Gennard, le commandant de la base aérienne de Florennes, située dans la province de Namur, en Wallonie.

Ce dernier a publiquement dénoncé, le 16 octobre, la main-mise des Flamands sur l’armée belge et a dit craindre le déplacement des F16 stationnés sur la base de Florennes vers la Flandre. « Les Francophones sont mis à l’écart », et envoyés « dans des écoles ou à l’étranger » a-t-il fait valoir. Et, plus généralement, le colonel Gennard craint qu’in fine, la Wallonie n’ait plus d’implantations militaires significatives.

En effet, plusieurs exemples peuvent accréditer les déclarations de l’officier. Les cinq dirigeants de l’état-major de la force aérienne belge sont tous néerlandophones, alors que par le passé, un équilibre était respecté entre les deux communautés (2 Wallons pour 2 Flamands). Cette tendance a été observée à la caserne wallone de Marce en Famenne, où l’état-major est commandé par des officiers flamands. Et, enfin, l’artillerie, qui était jusqu’à présent un bastion wallon depuis la bataille de Bastogne, a été transférée en Flandre.

En écho aux déclarations du colonel Gennard, le député du Mouvement Réformateur (MR, centre-droit) Denis Ducarme dénonce également cette « flamandisation » de l’armée belge. Selon lui, « le plan d’économies prévoyant la fermeture de la base de Florennes » et le transfert de ses avions de combat en Flandre sert cette tendance. Et le parlementaire d’accuser le ministre de la Défense. « De Crem est occupé à flamandiser la Défense nationale comme je l’avais relevé l’an dernier, en démontrant que sur les 33 généraux en poste, 23 étaient flamands ».

Le commandant militaire en chef belge, le général francophone Charles-Henri Delcour, a regretté les propos tenus par le commandant de la base de Florennes. Son porte-parole, le major Olivier Severin, a fait valoir que les échecs des francophones aux tests de bilinguisme par rapport aux néerlandophones étaient la raison de la sur-représentation des flamands dans la haute hiérarchie belge. Cependant, cela n’explique pas les transferts d’unités militaires de Wallonie vers la Flandre. Quant à l’avenir de la base de Florennes, le ministre belge de la Défense devrait prochainement aborder la question.

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