Etats-Unis : Le général Jones démissionne de son poste de conseiller à la sécurité nationale

Après les démissions de Lawrence Summers, l’un de ses principaux conseillers en matière d’économie, et de Rahm Emanuel, son secrétaire général à Maison-Blanche, le président américain, Barack Obama vient de perdre le général James Jones, qu’il avait nommé au poste de conseiller pour la sécurité nationale lors de sa prise de fonction.

En effet, cet ancien commandant des forces de l’Otan en Europe (SACEUR) a annoncé qu’il allait quitter l’équipe présidentielle. Mais selon les observateurs de la vie politique américaine, ce départ n’est pas une surprise et il était même attendu avant la fin de cette année.

« Les Américains sont redevables à Jim (Jones) d’une dette incalculable pour une vie qu’il a passée à servir » a commenté le président Obama, lequel ne connaissait pas cet ancien officier des corps de Marines, à la carrière bien remplie, quelques semaines encore avant son élection.

Le général Jones, hostile à l’intervention américaine en Irak en 2003, a joué un rôle non négligeable lors de l’élaboration de la nouvelle stratégie en Afghanistan, détaillée en décembre dernier par Barack Obama à West Point, en concilant les demandes du général McChrystal, alors commandant de l’Otan à Kaboul, qui souhaitait 80.000 hommes en renforts, et la position défendue par Joe Biden, le vice-président, qui préconisait de se focaliser sur les opérations de contre-terrorisme.

« Les généraux demandent toujours plus de troupes. Croyez moi » avait-il déclaré à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, en octobre 2009. « Vous pouvez continuer à envoyer des troupes et vous pourriez avoir 200.000 soldats là-bas et l’Afghanistan les engloutira, comme cela s’est fait par le passé » avait-il ajouté. C’est sans doute ce scepticisme qui a valu d’être qualifié de « clown » par le général McChrystal, lequel sera démis de ses fonctions en juin dernier après la publication des propos par le magazine Rolling Stones.

Mais quand on veut jouer le rôle de conciliateur, en l’occurrence entre les généraux du Pentagone et les civils de la Maison-Blanche, l’on prend le risque de n’être considéré par personne. Tel a été le cas du général Jones, qui aurait souvent été mis à l’écart par l’équipe présidentielle, laquelle goûtait fort peu, semble-t-il, ses méthodes de travail à la rigueur toute militaire. Du coup, l’ancien général des Marines se sentait ignoré quand, par exemple, Rahm Emanuel préférait s’adresser à son adjoint, Thomas Donilon, plutôt qu’à lui-même.

D’ailleurs, c’est ce dernier qui va remplacer le général Jones au poste de conseiller à la sécurité nationale. Très proche de Joe Biden, et donc d’une approche faisant la part belle au contre-terrorisme au détriment de la contre-insurrection, Thomas Donilon a commencé sa carrière politique avec l’administration de Jimmy Carter et a occupé des postes importants au département d’Etat sous la présidence de Bill Clinton.

« Au cours des deux dernières années, il n’y a pas un seul dossier de sécurité nationale qui n’ait transité par le bureau de Tom (ndlr, Donilon). Il est doté d’une intelligence aiguisée et d’une remarque éthique professionnelle, bien que celle-ci soit tributaure de quantités illimitées de Coca Light » a déclaré Barack Obama au sujet de son nouveau conseiller à la sécurité nationale.

Cela étant, la nomination de Thomas Donilon risque bien de faire quelques étincelles avec le Pentagone. Dans son dernier livre, « Obama’s wars », le journaliste Bob Woodward fait état de rumeurs selon lesquelles les généraux américains n’apprécieraient pas le ton désinvolte de l’ancien adjoint de James Jones à leur égard. Et le secrétaire à la Défense, Robert Gates, aurait lui-même dit que la nomination de Thomas Donilon au poste de conseiller national serait « un désastre ».

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