Des cryptologues de la Stasi au service de l’Otan

Ministerium für Staatssicherheit. Ou encore la Stasi, la police secrète de l’ancienne République démocratique d’Allemagne (RDA). Avant la chute du Mur de Berlin, en novembre 1989, ce nom donnait des sueurs froides aux Allemands de l’est.

Et pour cause, puisque la Stasi employait 91.000 agents et 190.000 informateurs pour surveiller les 17 millions d’habitants de la RDA. Et la somme de renseignements recueillis est phénoménale.

Bien que des dossiers ont été détruits au moment où le Pacte de Varsovie se disloquait, les archives de cette police politique, qui n’hésitait pas à assassiner les « ennemis » de l’Etat communiste, représentent 180 kilomètres de rayonnage. Une mine pour celles et ceux qui souhaitent connaître la vérité sur leurs proches disparus à l’époque de la RDA mais aussi et surtout pour les historiens et les chercheurs.

Et peu à peu, des explications sur des faits du passé sont trouvées. Comme par exemple l’affaire de la mort de l’étudiant Benno Ohnsorg, tué en 1967 au cours d’une manifestation d’extrême-gauche à Berlin Ouest, par un policier. Or, il se trouve que l’auteur du coup de feu, qui avait contribué à radicaliser le mouvement gauchiste allemand, était de mèche avec la Stasi.

Nul doute que d’autres révélations de ce genre seront faites dans les années qui viennent. Et sur la question de savoir ce que sont devenus les agents de la Stasi, l’hebdomadaire Der Spiegel a retrouvé la trace d’une douzaine d’entre eux.

En effet, selon cet organe de presse, les cryptologues de la Stasi ont été discrètement récupérés par le gouvernement d’Helmut Kohl juste après la chute du Mur. Il s’agissait alors d’éviter de les voir partir travailler pour le compte de pays du Moyen-Orient.

Mais, étant donné le caractère sulfureux de l’opération, ces cryptologues n’ont pas été engagés par les services de l’Etat fédéral allemand mais par une entreprise privée qui travaille pour son compte, la Rohde & Schwarz SIT, installée à Berlin et dont la spécialité est justement la cryptologie.

« Il s’agit de mathématiciens exceptionnels, qui n’ont rien à se reprocher personnellement » a expliqué, à l’hebdomadaire, Otto Leiberich, qui a participé à cette opération de recrutement.

Ou est donc le rapport avec l’Otan. Eh bien il est simple : d’après Der Spiegel, il se trouve que Rohde & Schwarz SIT est un « fournisseur privilégié de cryptographie de haute sécurité » de l’Alliance altantique.

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