Falco rend hommage aux Harkis

Le film « Hors-la-loi » est actuellement sur les écrans. Racontant le parcours de trois frères au moment de la guerre d’Algérie suscite la polémique. Pour son réalisateur, Rachid Bouchareb, il s’agit « d’une oeuvre de fiction » mais, dans le même temps, il assure que son long-métrage est « rappel historique pour les jeunes générations qui ont le droit de connaître l’histoire ».

Seulement voilà, selon le Service historique de la défense, saisi à la demande d’Hubert Falco, le secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens combattants (SEDAC), ce film est truffé d’erreurs et d’anachronismes, lesquels « sont si nombreux et si grossiers qu’ils peuvent être relevés par tout historien ayant un tant soit peu étudié la guerre d’Algérie ». Et d’enfoncer le clou : « les nombreuses invraisemblances présentes dans le scénario montrent que la rédaction de ce dernier n’a pas été précédée par une étude historique sérieuse ».

Quoi qu’il en soit, les polémiques qui entourent le film de Rachid Bouchareb montrent, près de 50 ans après l’indépendance de l’Algérie, que les plaies ne sont pas encore refermées.

Par ailleurs, parmi les drames des « évènements en Algérie », comme il était d’usage de le dire à l’époque, il y a celui des Harkis, ces combattants supplétifs qui ont servi les armes de la France.

En vertu des accords d’Evian, plusieurs dizaines de milliers de Harkis, restés en Algérie, ont été désarmés. Conséquence : ils ont été victimes de massaces, dont l’ampleur n’est pas encore évaluée avec précision. Il est question de 60.000 à 70.000 Harkis tués. Quant aux autres, c’est à dire ceux qui ont pu être rapatriés en France, ils ont vécu dans des camps « provisoires » qui se sont, à la longue, révélés durables, et dans des conditions difficiles. Ce qui provoqua, en 1991, une révolte d’enfants de Harkis dans plusieurs villes françaises.

Dans la droite ligne de la loi du 11 juin 1994, promulguée par Français Mitterrand et selon laquelle « la République française témoigne sa reconnaissance envers les rapatriés anciens membres des formations supplétives et assimilés ou victimes de la captivité en Algérie pour les sacrifices qu’ils ont consentis », le décret du 31 mars 2003 a instauré et officialisé une « Journée nationale d’hommage aux Harkis », laquelle a été fixée le 25 septembre.

Ainsi, Hubert Falco a assisté la cérémonie qui leur désormais dédiée, dans la cour des Invalides à Paris. « La France n’a pas toujours pris la mesure des sacrifices que vous aviez consentis pour elle » a admis le SEDAF, devant quelques dizaines d’anciens combattants supplétifs de l’armée française.

Et Hubert Falco est revenu sur le sort des « milliers de Harkis restés en Algérie, sans armes et seuls face à leurs bourreaux » après 1962. « Cela reste l’une des tragédies les plus éprouvantes de notre histoire nationale » a-t-il estimé. « Longtemps, on a passé sous silence le sacrifice de ces hommes-là » a-t-il poursuivi, avant de conclure : « Le temps est venu : ces hommes (…) ont droit à prendre pleinement place dans notre mémoire nationale ».

« Cette guerre a fait d’innombrables victimes et les plaies qu’elle a ouvertes ne sont pas toutes refermées » a reconnu le SEDAF. D’où la nécessité, « pour cicatriser », de la « vérité historique et d’un travail de recueil de mémoire sincère, objectif et exhaustif ».

Et ce sera notamment la raison d’être de la Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, qui va s’installer aux Invalides le 19 octobre prochain, plus de cinq ans après l’inscription de sa création dans la loi du 23 février 2005 « portant reconnaissance de la National et contribution nationale en faveur des Français rapatriés ».

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