Des paramilitaires afghans aux trousses d’al-Qaïda

La presse américaine a récemment rendu compte du prochain livre de Bob Woodward, le journaliste rendu célèbre pour avoir été à l’origine de l’affaire du Watergate, qui provoqua la démission de Richard Nixon, alors président des Etats-Unis.

Intitulé « Les guerres d’Obama », Bob Woodward évoque surtout celle d’Afghanistan. Et si le journaliste emploie le pluriel, c’est pour décrire les dissenssions au sein de l’équipe du président américain au sujet du dossier afghan, au moment de l’élaboration de la nouvelle stratégie à appliquer, sur la base des voeux formulés par le général McChrystal, alors commandant des forces de l’Otan à Kaboul.

Selon Bob Woodward, il apparaît que Barack Obama souhaite un retrait militaire relativement rapide d’Afghanistan. « Tout ce que nous faisons doit être centré sur la question de savoir comment nous allons en arriver à réduire notre présence » aurait ainsi déclaré le locataire de la Maison Blanche, lequel a refusé l’idée d’un engagement « à long terme visant à la construction d’une nation ».

D’où la date d’une amorce de retrait, fixée en juillet 2011, et qui suscite des réserves du côté des militaires ainsi que de celui de certains alliés des Etats-Unis, à commencer par la France. En visite à Washington la semaine passée, le ministre français de la Défense, Hervé Morin, avait déclaré qu’il n’était pas question « de tirer le tapis en Afghanistan », considérant qu’annoncer le départ des troupes de l’Otan serait donner « une force supplémentaire » aux insurgés.

L’on apprend également que le président Obama a refusé d’accorder au Pentagone un renfort de 40.000 hommes au moment de l’élaboration de la nouvelle stratégie. En décembre 2009, il avait annoncé un supplément de 30.000 militaires, le reste devant être fourni par les membres de l’Otan. Plus récemment, il aurait refusé une demande d’augmenter le contingent américain 4.500 soldats. « J’en ai assez avec ça! » aurait-il déclaré.

Outre ces considérations, le livre de Woodward révèle que les Etats-Unis ont formé, dès 2002, une unité de 3.000 paramilitaires afghans, appelée « Counterterrorist Pursuit Team », chargé de traquer les militants d’al-Qaïda jusque dans leurs refuges situés dans les zones tribales pakistanaises.

Ces paramilitaires n’ont rien à voir avec la Task Force 373, composée par des éléments appartenant aux Navy Seals et à la Force Delta (les forces spéciales américaines) dont l’existence a été révélée lors de la fuite des documents concernant l’Afghanistan et orchestrée par le site WikiLeaks en juillet dernier. la TF373 a pour mission de capturer ou d’éliminer des « cibles » appartenant à une liste (Joint prioritised effects list), en dehors des procédures judiciaires.

La Counterterrorist Pursuit Team agirait sous le contrôle de la CIA et certains de ses membres auraient suivi un entraînement dans des installations de la centrale de renseignement aux Etats-Unis.

Etant donné qu’elle intervient dans les zones tribales pakistanaises, l’on peut imaginer que les raids ciblés contre des dirigeants d’al-Qaïda menés par des drones supposés appartenir à la CIA et basés au Pakistan, sont planifiés à partir de renseignements obtenus sur le terrain par cette unité paramilitaire. Cette dernière serait par ailleurs très active dans les provinces où l’insurrection est intense, à savoir celles de Kandahar, Khost, Paktia et Paktia.

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