Le Tadjikistan menacé de déstabilisation?

Après avoir obtenu son indépendance en 1991 vis-à-vis d’une Union soviétique appelée à disparaître et le renversement, dans la foulée, de son nouveau président, Qadriddin Aslonov, par Rakhmon Nabiyev, l’ancien secrétaire général du Parti communiste tadjik, le Tadjikistan a connu une violente guerre civile jusqu’en 1997, au cours de laquelle 50.000 à 100.000 personnes ont perdu la vie.

Les belligerants étaient alors divisés en deux camps : les « conservateurs », c’est à dire des partisans néo-communistes soutenus par la Russie et une vaste coalition hétéroclite allant des libéraux aux islamistes, dont ceux du Parti de la renaissance islamique (PRI) à l’idéologie proche de celle des Frères musulmans égyptiens.

Depuis maintenant 13 ans, la situation au Tadjikistan semblait sous contrôle. Sauf que depuis quelques semaines, plusieurs attentats ont été commis. En effet, une attaque suicide commise avec une voiture piégée a visé un bâtiment de la police à Khoudjand, dans le nord du pays. Au moins 25 policiers ont été blessés, deux autres ont été tués.

Et trois jours plus tard, l’explosion d’une bombe dans une discothèque de Douchanbé, a fait cinq blessés. Ces deux attentats ont été commis après l’évasion, le 23 août, de 25 militants islamistes, dont des afghans et des russes du Caucase, détenus dans une prison située dans la capitale. Par la suite, les dirigeants des services de sécurité du pays ont été limogés par Imomalo Rakhmon, l’inamovible président tadjik.

Enfin, la dernière attaque en date est l’embuscade tendue à un convoi militaire dans la vallée de Racht, une région montagneuse située à 250 km à l’est de Douchanbé. Là, 25 soldats, qui devaient rejoindre une poste de surveillance, ont été tués et 20 autres ont été blessés.

Considérée comme étant une zone acquise aux islamistes, la vallée de Racht a été investie par les forces spéciales et des hélicoptères de combat. « Nous avons commencé à ratisser cette vaste région montagneuse pour débusquer des militants et les arrêter ou les éliminer » a expliqué un porte-parole du ministère tadjik de la Défense, pour qui il ne fait aucun doute que l’attaque du convoi a été réalisée par des « terroristes » islamistes.

Depuis le début de l’année, au moins 115 activistes appartenant à des organisations islamistes interdites ont été arrêtés au Tadjikistan, pays qui partage une frontière loin d’être hermétique de 1.340 km avec l’Afghanistan.

Même si certains observateurs estiment que le président Rakhmon gonfle la menace islamiste pour mieux justifier sa politique répressive et réduire l’influence du PRI, le principal parti d’opposition, il n’en reste pas moins que le Tadjikistan est le passage obligé des djihadistes venus du Pakistan et de l’Afghanistan pour rejoindre la fertile vallée de Ferghana, qui chevauche également le Kirghizstan et l’Ouzbékistan.

Là, les mouvements islamistes pourraient y établir un refuge et augmenter le nombre de leurs recrues en comptant sur le vivier d’une jeunesse sans perspectives économiques et politiques.

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