Un bouclier cybernétique pour l’Otan?

Des attaques de réseaux informatiques ne représentent pas un risque furur : elles sont déjà une menace actuelle. Par exemple, et avec peu de moyens, un pays peut en paralyser un autre en lançant une cyberoffensive contre ses infrastructures électriques. Cette hypothèse a servi de scénario à l’exercice Cyber Shock Wave (onde de choc sur Internet) mené en février par un groupe indépendant d’études politiques, le Bipartisan Policy Center (BPC).

Jusqu’à présent, les attaques informatiques ont surtout consisté à paralyser des réseaux par la technique dite de « déni de service ». Cela a été notamment le cas en Estonie au printemps 2007, époque à laquelle Tallinn avait décidé de retirer un mémorial soviétique de la Seconde Guerre Mondiale, ce qui a été perçu comme une provocation par Moscou.

L’autre menace concerne l’espionnage en ligne, avec par exemple des intrusions dans des systèmes sensibles. C’est ainsi qu’à la fin de l’année 2008, les ordinateurs du Pentagone ont été victimes d’un ver informatique, introduit dans le réseau militaire par une clé USB. Les dessous de cette affaire ont été récemment révélés. Et selon le secrétaire américain adjoint à la Défense, William Lynn, cette cyberoffensive aurait été l’oeuvre d’un service de renseignement dont la nationalité n’a pas été précisée.

Aussi, pour le numéro deux du Pentagone, il est urgent que les dirigeants de l’Alliance atlantique prennent conscience de la réalité de cette menace et que cette dernière soit abordée lors du prochain sommet de Lisbonne, prévu les 19 et 20 novembre.

Venu au siège de l’Otan à Bruxelles le 15 septembre pour évoquer cette question, William Lynn a cependant constaté que la plupart de ses interlocuteurs affichent une « unité de vue » en faveur d’une cyber-défense.

« L’Alliance a un rôle vital à jouer en installant un filet de sécurité autour de nos réseaux » a-t-il fait valoir. « L’Otan a un bouclier nucléaire, elle construit un bouclier antimissile de plus en plus puissant, elle a aussi besoin d’un bouclier cybernétique » a encore déclaré William Lynn au cours d’un colloque organisé par Security & Defence Agenda, un club de réflexion.

Mais le responsable américain est allé encore plus loin en proposant aussi un système de défense « actif ». « Nous ne pouvons pas nous cacher derrière une ligne Maginot » a-t-il lancé, en plaidant pour que le cyberespace devienne une autre dimension du champ de bataille.

Cela étant, l’Otan a commencé à prendre en compte la question de la cybersécurité, notamment après l’épisode estonien de 2007. Et c’est justement à Tallinn que l’Alliance atlantique a ouvert un centre de cyberdéfense, en mai 2008. Cette structure, qui n’a pas de vocation opérationnelle, livre des analyses et des consultations, ainsi que des formations.

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