Irak : Des conseillers militaires combatifs

Officiellement, la mission de combat de l’armée américaine en Irak a pris fin au soir du 31 août dernier. L’opération Iraqi Freedom est terminée. Place à celle baptisée « New Dawn » (Nouvelle Aube).

Pour les 50.000 militaires américains qui restent déployés en Irak, il s’agit désormais de former et de conseiller leurs homologues irakiens. Cependant, ils peuvent être contraints de participer à des missions de combat dans le cas où si ils sont attaqués ou bien si l’armée irakienne en fait la demande.

Et c’est ce qu’il s’est passé le 5 septembre dernier, lors de l’attaque, renvendiquée par al-Qaïda en Irak, contre le quartier général militaire de Rusafa, situé au centre de Bagdad.

Ce jour-là, un minibus piégé a explosé devant le complexe, créant ainsi une branche par laquelle des hommes en armes se sont infiltrés. Des militaires américains, présents sur les lieux, pour « conseiller » les militaires irakien, ont ouvert le feu sur les terroristes et appelé des renforts. C’est ainsi que des hélicoptères de combat et des drones armés – qui ne sont pas en dotation au sein de l’armée irakienne – sont intervenus sur place. L’affrontement, qui a duré au moins une heure, a fait 12 tués (dont les kamikazes).

Le 12 septembre, les militaires américains sont une nouvelle fois intervenus aux côtés de leurs homologues irakiens contre des insurgés dans la province de Diyala, à 65 km au nord-est de Bagdad. L’opération visait à prendre le contrôle d’un « repaire de snipers ». Selon le New York Times, l’armée américaine aurait mobilisé des moyens aériens et des troupes terrestres à la demande des forces irakiennes.

Dernière participation américaine connue à une opération irakienne : celle qui avait pour objectif d’arrêter un responsable « terroriste » à Fallouja, un bastion sunnite de la province d’Al-Anbar. Le raid aurait fait 9 tués, dont 2 soldats irakiens et la famille du terroriste présumé, un ancien colonel de l’armée de Saddam Hussein.

Alors que le niveau des violences a sensiblement diminué depuis 2007, l’Etat islamique d’Irak (ISI), la branche irakienne d’al-Qaïda, n’a pas rendu les armes. Malgré la perte de ses deux dirigeants en avril dernier, l’organisation continue d’organiser à la fois des attaques spectaculaires et meurtrières et des attentats suicides de moindre ampleur à un rythme soutenu.

La crainte est que le réseau terroriste profite du flottement politique à Bagdad – ou un nouveau gouvernement est toujours attendu, 8 mois après les élections législatives – pour établir de nouvelles poches de résistances et continuer à entretenir un climat de guerre civile et confessionnelle.

Par ailleurs, la branche irakienne d’al-Qaïda connaît une dérive mafieuse. En effet, ses militants se livrent à du chantage et au racket, notamment dans les environs de Mossoul. L’ISI est « en train de devenir une organisation complètement criminelle, motivée par l’argent et aec une idéologie et un objectif très très vagues » a récemment estimé le colonel américain Charles Sexton, commandant de la 2e Brigade de la 3e Division d’Infanterie. « Leur premier objectif est de gagner de l’argent pour leurs chefs et subordonnés » a-t-il ajouté.

Normalement, les 50.000 soldats américains auront quitté l’Irak à la fin de l’année 2011. Du moins en théorie. En effet, il est probable que les Etats-Unis maintiennent plusieurs milliers de soldats dans la pays après cette échéance.

Plusieurs raisons plaident pour cette éventualité. Tout d’abord, l’armée irakienne ne sera pas prête à assumer seule ses responsabilités. Son chef d’état-major, le général Zebari, avait estimé le mois dernier que les forces américaines devaient rester au moins jusqu’en 2020.

Les militaires irakiens manquent par ailleurs de moyens, notamment aériens. Aussi, il est envisageable que l’armée américaine continue à mettre ses hélicoptères et surtout ses drones à la disposition de son homologue. Enfin, il est également imaginable que les forces spéciales américaines soient toujours présentes en Irak, afin d’aider à la traque des combattants d’al-Qaïda.

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