Un « Red Flag » privé?

Pour qu’un pilote de chasse augmente ses chances de survie en combat aérien, il lui faut de l’expérience. Au cours de la guerre du Vietnam, l’US Air Force avait constaté que les aviateurs totalisant plus de 10 sorties aériennes avaient moins de chance de se faire abattre que les autres. En clair, rien ne remplace l’expérience.

C’est ainsi que les exercices de type Red Flag ont vu le jour aux Etats-Unis, en 1975. Les forces amies (Blue Forces) sont opposés à des agresseurs (Red Forces, agressors), le tout, dans des conditions proches du réel.

Tous les aspects des missions dévolues aux pilotes militaires sont abordés : supériorité aérienne, guerre électronique, attaque au sol, appui aérien, ravitaillement en vol, etc… Ces manoeuvres permettent aussi de préparer le travail en coalition, d’où la présence régulière de détachements étrangers sur la base de Nellis, où elles sont organisées.

Mais en ces temps de rigueur budgétaire, envoyer des avions de combat aller se frotter aux agresseurs de l’US Air Force coûte cher. Aussi, l’alternative proposée par la société ECA Program pourrait séduire les responsables militaires européens.

Le projet de cette entreprise néerlandaise est d’implanter une centre d’entraînement pour les pilotes de chasse en Islande, plus précisément sur l’ancienne base de l’Otan de Keflavik. Depuis 2006, cette dernière n’est plus occupée par les militaires américains, compte tenu du fait que Reykjavik n’a plus la même importance stratégique que par le passé, en raison de la fin de la guerre froide.

Pour ce faire, ECA Program compte se procurer une quinzaine de Sukhoï 27 « Flanker » auprès de la Biélorussie afin de les opposer les pilotes des forces aériennes clientes dans des simulations les plus réalistes possibles.

« Dans l’univers de l’entraînement militaire, nous sommes l’équivalent d’un service de location de voitures » a déclaré, au Financial Times, Melville ten Cate, le co-fondateur d’ECA Program, pour expliquer le sens de ce projet. Selon lui, plusieurs pays seraient déjà intéressés par cette offre.

Quant à l’Islande, l’implantation sur la base de Keflavik de ce centre d’entraînement privé compenserait en partie le départ des militaires américains. Cependant, avant de donner son feu vert, le gouvernement islandais attend l’accord de l’Otan.

L’externalisation de l’entraînement des forces est une pratique qui tend à se généraliser. Ainsi, en juillet dernier, la Marine nationale a fait part de son intention de confier plus largement encore les fonctions de plastron à des prestataires privés.

Des sociétés comme Aviation Defense Service (AvDef) ou encore Apache Aviation travaillent déjà avec la marine française. La seconde mène notamment des missions d’entraînement avec des Hunter, notamment chargés de simuler des attaques aériennes de frégates.

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