Horizon bouché pour le Rafale en Suisse… au moins jusqu’en 2015

Les militants du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) pourront être satisfaits, eux qui ont lancé une initiative populaire destinée à consulter les électeurs sur l’opportunité pour la Confédération d’acquérir 22 nouveaux avions de combat pour remplacer les 54 F5 Tiger encore en service.

En effet, le Conseil fédéral suisse a décidé, ce 25 août, de repousser une fois encore l’annonce du vainqueur de l’appel d’offres lancé en 2008 et auquel participent le Rafale de Dassault Aviation, le Gripen du suédois Saab et le Typhoon du consortium Eurofighter sont sur les rangs. « Ce report durera au plus jusqu’en 2015 » a précisé Ueli Maurer, le ministre suisse de la Défense.

Initialement, le successeur des F5 Tiger aurait dû être annoncé en juillet 2009. Puis la décision a été reportée après la publication, en janvier 2010, du rapport sur la politique de sécurité (Rapolsec), lequel devait redéfinir les grandes orientations militaires et stratégiques de la Confédération. Puis, le nom du vainqueur était finalement attendu à l’automne prochain.

En juin dernier, il était question d’acheter les nouveaux avions de combat par tranche. Un premier lot de 12 appareils aurait été ainsi commandé, suivi par deux ou trois autres lot pour faire le compte.

Outre le fait que cette approche permettrait d’étaler la facture, estimée à 5 milliards de francs suisses, avec l’ensemble des équipements et des infrastructures, elle aurait également eu l’avantage de faire patienter jusqu’au remplacement des F18 Hornet. Ainsi, les forces aériennes suisses auraient pu disposer d’un seul type d’appareil, ce qui aurait fait baisser les coûts de maintenance.

Seulement, les considérations budgétaires ont pris le dessus, même si l’achat d’avions de combat par Berne aurait été partiellement compensé par des cessions de licences et des contrats avec l’industrie suisse, comme l’a notamment proposé Dassault Aviation en octobre 2009.

Mais, pour financer l’acquisition des appareils, le budget militaire suisse aurait dû passer de 4,9 à 6,3 milliards de francs suisses de 2013 à 2017, puis à 5,2 milliards à partir de 2018. Or, ce n’est pas possible en l’état actuel des choses, car la Confédération est tenue de limiter ses déficits publics – estimés à 4 milliards – en vertu de l’article 126 de sa Constitution.

« Le Conseil fédéral a pris cette décision pour les raisons suivantes : il n’est pas possible de compter sur des crédits supplémentaires en raison de la situation financière de la Confédération; d’autre part, les ressources disponibles doivent servir à combler les autres lacunes de l’armée », fait-on valoir à Berne, pour expliquer ce nouveau report.

Pour le moment, la piste suisse se refroidit pour le Rafale et l’on attend toujours la décision brésilienne – annoncée par Hervé Morin pour la fin du mois de juillet dernier! – qui marquerait ainsi le premier succès à l’exportation du fleuron de Dassault Aviation.

Photo : Rafale lors de son évaluation sur la base de Payerne (c) Swiss Aviation Photography Forum

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