Décès du général Pierre-Marie Gallois, le théoricien de la dissuasion nucléaire française

Considéré comme étant l’un des père de la dissuasion nucléaire française, le général Pierre-Marie Gallois s’est éteint, à son domicile parisien, le 23 août, à l’âge de 99 ans.

Passionné par l’aviation, il est sous-lieutenant de réserve dans la toute jeune armée de l’Air, en 1936. Alors qu’il se destinait à un carrière civile, la perspective de la guerre le conduit à demander à être versé dans « l’active ».

En 1939, il est affecté à l’état-major de la 5e région aérienne d’Alger. Il rejoint l’Angleterre en 1942 et prend part aux combats de la Seconde Guerre Mondiale au sein du Bomber Command de la Royal Air Force, dans lequel deux escadrons français sont intégrés. Il réalise ainsi une trentaine de missions de guerre en qualité de navigateur à bord d’un bombardier lourd quadrimoteur Handley Page Halifax.

A l’issue de la guerre, il est affecté au cabinet du chef d’état-major de l’armée de l’Air et prend un part active dans l’élaboration du Premier Plan quinquennal de Constructions aéronautiques, lequel a été accepté par les parlementaires en août 1950 et qui a permis la renaissance de l’industrie aéronautique française.

Mais la fin du second conflit mondial marque aussi l’entrée dans une nouvel âge : celui de l’atome, avec les bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki au Japon. Affecté au Grand quartier général des puissances alliées en Europe (SHAPE) de 1953 à 1957, il est l’adjoint du général américain Lauris Norstad, en charge des études stratégiques. Ayant déjà acquis la conviction que la France devait se doter l’arme atomique avant de rejoindre l’état-major de l’Otan, il parvient à convaincre le gouvernement de Guy Mollet de se lancer dans cette voie.

En 1956, il explique au général de Gaulle, alors retiré de la vie politique avant de revenir sur le devant de la scène à la faveur des évènements en Algérie de 1958, sa conception de l’arme nucléaire et la nécessité de la France de l’acquérir à des fins dissuasives.

En 1957, il met fin à sa carrière militaire, après avoir obtenu ses deux étoiles de général de brigade et travaille pour le constructeur aéronautique Dassault. Trois ans plus tard, Pierre-Marie Gallois publie « Stratégie de l’âge nucléaire », où il expose ses théories sur la dissuasion nucléaire : pouvoir égalisateur de l’arme atomique, sanctuarisation des intérêts vitaux de la France, crédibilité de la force de frappe, volonté politique d’y recourir le cas échéant, etc…

« Pour que la politique de dissuasion soit efficace, il faut que les forces de représailles sur lesquelles elle est fondée échappent à l’attaque initiale de l’agresseur et il faut que celui-ci le sache. Mais il faut également que ces forces de représailles franchissent les défenses adverses et que l’assaillant ait conscience de cette perméabilité de sa défense aux assauts qu’il aurait déclenchés » a-t-il ainsi, entre autres, écrit.

Depuis, le général Pierre-Marie Gallois, reconnu comme étant l’un des plus grands penseurs militaires français, n’a jamais cessé de réfléchir aux problèmes de sécurité internationale et a écrit de nombreux ouvrages. Il a notamment pris position en faveur de la Serbie de Milosevic ou encore de l’Irak de Saddam Hussein.

Proche des milieux souverainistes français, il a créé, en 2003, le Forum pour la France, avec le diplomate Pierre Maillard, par ailleurs ancien conseiller du général de Gaulle et Henri Fouquereau, alors président du Mouvement démocrate français. L’objectif de cette structure est de défendre « l’indépendance et la souveraineté de la France », en rassemblant au-delà des clivages politiques.

Bien qu’ayant des sympathies royalistes, il a soutenu à plusieurs reprises Jean-Pierre Chevènement. « Avec Pierre-Marie Gallois, je perds un ami, un homme généreux » qui, « jusqu’au bout de sa très longue vie, aura montré une fermeté d’âme qui ne s’est jamais démentie » a ainsi écrit ce dernier.

A lire : « Pierre-Marie Gallois » , de Christian Malis, Editions l’Âge d’homme (39 euros)

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