L’Iran fourbit ses armes

Finalement, même si Israël l’a jugée « totalement inacceptable », la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr n’a pas connu le même sort de celle d’Osirak, en Irak et a été mise en service le 21 août. Conçu par les russes et d’une capacté de 1.000 mégawatts, il s’agit donc du premier réacteur destiné à produire de l’électricité de l’histoire de l’Iran.

Pour autant, les soupçons portant sur l’existence d’un programme à vocation militaire subsistent et Téhéran a prévenu, une nouvelle fois, par la voix du président Amahdinejad, qu’il serait « suicidaire » de lancer une attaque contre ses installations nucléaires.

« Nous ne plaisantons pas. Nous ne permettrons pas à une bande de criminels de créer l’insécurité. Ils (Israël, Etats-Unis) ont dit que toutes les options étaient sur la table. Eh bien nous disons aussi que toutes les options sont sur la table » a-t-il déclaré, en ajoutant que « l’Iran n’avait jamais eu l’intention d’attaquer un autre pays », mais voulait au contraire de « renforcer sa capacité de défense pour dissuader les ennemis de toute tentative d’agression ».

Ces déclarations du président Ahmadinejad, qui a visiblement oublié sa menace de « rayer Israël de la carte », ont été faites le jour même de la présentation d’un nouveau drone, au lendemain de la mise en route de la centrale de Bouchehr.

Cet engin sans pilote embarqué, appelé Karrar (« assaillant »), présente la particularité de pouvoir porter quatre missiles ou deux bombes de 113 kilos chacune sur une distance de 1.000 km, en volant à une vitesse de 900 km/h. L’annonce de ce projet de drone armé avait été faite à la fin de l’année 2008 par le général Hasan Shah Safi, le commandant des forces aériennes iraniennes.

Depuis les années 1990, l’Iran a développé plusieurs types de drones, dont l’Ababil, par ailleurs utilisé par le Hezbollah au cours du conflit qui l’a opposé à Israël lors de l’été 2006. C’est ce type de drone, dont le rayon d’action est compris entre 50 et 150 km, qui avait pris des clichés d’un porte-avions de l’US Navy croisant dans le Golfe persique en novembre de la même année. Une version capable de parcourir une distance de 1.000 km avait été dévoilée en février 2009.

Par ailleurs, le régime iranien multiplie les annonces au sujet de nouveaux matériels militaires, dans le cadre de la « semaine du gouvernement ». Ainsi, après la mise en service de quatre mini sous-marins de type Ghadir au début du mois, l’Iran a procédé à un tir d’essai du missile sol-sol Qiam, dont les performances n’ont toutefois pas été précisées mais, selon le ministre iranien de la Défense, il aurait des « aspects techniques nouveaux et une capacité unique tactique ».

Enfin, ce 23 août, Téhéran a annoncé le lancement de classes de vedettes rapides. La première, appelée « Zolfagar », consistera à construire des bateaux de nouvelle génération, capables, selon le ministre iranien de la Défense, de « détruire des navires de plus de 3.000 tonnes ». Ils seront équipés du missile Nasr 1, de deux mitrailleuses et d’un système informatique de contrôle de tir. L’autre, nommée Seraj, sera armée par des roquettes et pourra naviguer dans des mers « très agitées ».

Ces nouveaux équipements sont susceptibles d’être utilisés dans le cadre d’actions menées dans le détroit d’Ormuz, par où transite 40% du pétrole mondial, dans le cas d’une attaque des sites nucléaires iraniens. C’est d’ailleurs dans cette zone que les Gardiens de la révolution iranienne organisent régulièrement d’importantes manoeuvres.

Cela étant, le climat est tendu, sur fond de rumeurs de raids israéliens, voire même américains. Cependant, Washington n’a pas intérêt, pour le moment, à se lancer dans une aventure militaire contre l’Iran, laquelle pourrait avoir des conséquences fâcheuses. Mais pour la revue Foreign Policy, la situation pourrait se dégrader en cas de provocation iranienne. « Si étincelle il y a, c’est l’Iran qui en sera l’auteur, par un acte de terrorisme, le soutien aux insugés en Irak ou en Afghanistan, ou par une provocation militaire dans le Golfe » écrit la publication.

Et au sujet de l’influence de Téhéran en Irak, justement, le commandant des troupes américaines dans le pays, le général Ray Odierno, a dénoncé l’aide apportée par le régime iranien aux extrêmistes chiites irakiens. « Je pense qu’ils (les Iraniens, ndlr) ne veulent pas voir l’Irak devenir un solide pays démocratique » a-t-il affirmé le 22 août à l’antenne de CNN. « Ils préféreraient y voir un gouvernement institutionnellement faible qui ne leur crée pas de problème à l’avenir » a-t-il ajouté.

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